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TIROIR 66 PAQUET PREMIER

Tentatives d'unions et autres affaires avec divers corps réguliers

1° Congrégations des chanoines réguliers de France [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris]
et de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine]

66/1/1
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Original

On a pu remarquer, dans les Nottes touchant les prieurés de Semur [Semur-en-Auxois] et de Senlis, que les difficultés qu'ont eu à essujer nos prédécesseurs au sujet de ces deux anciens membres de notre Abbaye ont en même tems occasionné diverses correspondances entre nos abbés et les généraux de ces deux congrégations [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris ; congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], dont la 1ère ne cherchoit, dès le tems de l'abbé Pierre Odet [Pierre-Maurice Odet], qu'à s'introduire dans ces deux dits prieurés, et l'autre ne visoit insensiblement, surtout quand elle eut une fois commencé à s'établir en Val d'Aoste, qu'à s'impatroniser de notre maison sous prétexte de contribuer à la réformer. C'est aussi ce que l'on peut conclure, surtout quand à la dernière de diverses lettres desdits généraux, cottées ici N° 1 [66/1/1].

6 documents cotés :
CHA 66/1/1~01
CHA 66/1/1~02
CHA 66/1/1~03
CHA 66/1/1~04
CHA 66/1/1~05
CHA 66/1/1~06


66/1/2
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Original
1672

Il ne paroît pas que l'abbé Jean Jost Quartery [Jean-Jodoc Quartéry] ait beaucoup prêté l'oreille à toutes leurs sourdes pratiques. Mais l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc], homme à grands projets, crut que l'unique et grand moyen d'illustrer son Abbaye, et d'y introduire ou d'y conserver la discipline régulière étoit de l'unir à l'une desdites congrégations. Dans cette idée, il proposa d'abord, à ce que l'on croit, la chose à la congrégation des chanoines réguliers de France ou de Sainte-Geneviève [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris], sans doute comme étant la plus illustre et la plus étendue, et souhaitta savoir la pensée de ces Messieurs sur ce sujet, et qu'ils lui dressassent là-dessus un projet d'union. Ces Messieurs le lui envoyèrent en 1672, et n'y dissimulèrent guère quels étoient leurs desseins. Il consiste en onze articles, selon lesquels l'Abbaye devoit être entièrement unie et incorporée à ladite congrégation [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris], en sorte que les constitutions et statuts reçus chés elle seroient exactement observés dans ladite Abbaye, soit quant aux obédiences, habillement et observances des religieux, soit quant à la nomination, triennalité, pouvoirs et manière de gouverner des officiers qui y seroient établis, avec ce seul tempérament à l'égard de l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc] et de ses chanoines déjà actuellement profès, savoir que le 1er restera en place le reste de ses jours - s'il veut - avec tous ses honneurs et prérogatives extérieures, sans préjudice cependant de l'observance régulière et conduite domestique conforme au statuts de dite congrégation, à quel effet il sera obligé de prêter la main aux prieur et autres officiers claustraux, et que lesdits chanoines resteront - s'ils le souhaittent - toute leur vie dans ladite Abbaye, y seront nourris et logés comme les autres, garderont leur habit et auront 80 livres chacun pour leur vestitiaire et leur entretient, sans que toutefois ils puissent se dispenser de continuer leurs obéissances à leurs supérieurs, ni d'assister au chœur et au réfectoire à la seconde table, à laquelle il leur sera fournie la même portion qu'aux autres religieux. Le consentement de Romme [Rome] et des seigneurs du Vallais [Valais] est réservé dans ce projet, et devra être obtenu aux frais de ladite congrégation et de ladite Abbaye par moitié.

Ce projet, un peu déchiré à la fin, est cotté ici N° 2 [66/1/2].

1 document coté :
CHA 66/1/2


66/1/3
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Copies
1672

Il y a apparence que ledit projet ne fut du goût ni de l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc], ni de ses chanoines, puisqu'il n'en fut plus question, et qu'au contraire, lesdits abbé et religieux, assemblés en Chapitre le 22. aoust de la même année 1672, firent un traitté d'union avec le révérend Père Jean Étienne, général de la congrégation de Notre-Sauveur en Lorraine et prévôt de Saint-Gilles à Verrez [Verrès], et 3 autres duputés de ladite congrégation, dont voici les articles en substance :

1° et 2° que ladite Abbaye, avec ses dépendences, est dès à présent unie et incorporée à ladite congrégation, pour ne faire désormais qu'un corps avec elle, et être régie pour le spirituel et le temporel suivant les constitutions de celle-là et sous les mêmes privilèges, etc. ;

3° que la charge de général de la congrégation sera anexée à celle d'abbé de Saint-Maurice et réciproquement, bien entendu que l'élection de cet abbé général appartiendra au Chapitre général de la congrégation ;

4° que cette union du généralat à la dignité d'abbé, etc., se fera immédiatement après la mort du père général et du seigneur abbé ;

5° qu'en attendant, tous les actes ès quels il sera fait mention de l'Abbaye, on y mettra toujour ces mots : dépendente immédiatement du Saint-Siège ;

6° qu'après ladite union, l'un des assistants et le procureur général de la congrégation demeureront à Saint-Maurice auprès du général ;

<page 965>

7° qu'on tâchera d'obtenir en Cour de Rome l'extinction de l'annate de ladite abbaye de Saint-Maurice en partageant les frais, ce qui étant fait et le généralat étant une fois annexé à la dignité d'abbé de Saint-Maurice, la congrégation sera déchargée de la pension qu'elle paye au général, sans préjudice néammoins du droit de visite ;

8° que les chanoines actuels de Saint-Maurice ne pourront être envoyés dans une autre maison par le général sans leur consentement, se réservants de plus que les 1ers bénéfices et cures qui viendront à vaquer, dépendants soit de l'Abbaye, soit de la congrégation, seront pour eux préférablement à tous autres, s'il leur plaît de les accepter ;

9° que l'élection du prieur et autres officiers de l'Abbaye se fera par le Chapitre local pour cette fois seulement, et que les trois ans expirés, elle appartiendra au général, aidé du conseil de ses assistants ;

10° que depuis ce traitté, les novices de l'Abbaye y feront profession entre les mains de l'abbé au nom du général, selon les constitutions de la congrégation, après qu'ils auront un maître de novices pour les leur enseigner et en y introduire la pratique et l'esprit dans l'Abbaye, où elles devront être observées dès à présent, sans cependant y obliger les anciens ;

11° que depuis la Toussaints jusqu'au Samedi-Saint, on portera le chaperon et des chapes noires au chœur, mais que tout le reste de l'année, on y portera le rochet et le camail rouge en l'honneur de saint Maurice, etc. ;

12° que dans l'Abbaye, on fera la fête de la Transfiguration double de la 1ère classe avec octave, et toutes les églises de la congrégation, celle de saint Maurice comme celle de saint Joseph, ou comme le Chapitre général le réglera.

On cotte ici N° 3 [66/1/3] une copie de ladite union en parchemin, outre deux autres en papier.

3 documents cotés :
CHA 66/1/3~01
CHA 66/1/3~02
CHA 66/1/3~03


66/1/4
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Copies
1675 et 1676

En exécution de ce traitté d'union, les Lorrains envoyèrent d'abord à l'Abbaye 3 de leurs religieux, pour commencer à y introduire leur congrégation [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine] ; mais à peine trois ans furent-ils écoulés, que l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc] fut obligé de les renvoyer chés eux, come il paroît par un double de la patente dont il les accompagna auprès de leur général, du 27. décembre 1675. En effet, LL. EE. du Vallais [Valais] ayants peu à peu eu vent de cette union, et irritées surtout de ce qu'elle s'étoit conclue sans leur consentement et sans même qu'on l'eût réservé, envoyèrent pendant la diette de Noël 1675 3 à 4 députés à l'Abbaye, qui forcèrent ledit abbé et ses religieux à signer la révocation et cassation dudit traitté, sur l'original même qui en avoit été dressé, et à renvoyer lesdits Lorrains, et exigèrent même que les comptes de l'Abbaye leur fussent exhibés, etc. Le nonce fut bientôt informé de cette violance faite dans l'Abbaye, et du traitté d'union qui l'avoit accasioné. Pour remédier à toutes ces brouilleries, il exigea d'un côté que lesdits députés de l'État rétractassent l'infraction qu'ils avoient fait contre les immunités ecclésiastiques, ce qu'ils firent le 23. février 1676 à Brigue, comme on le verra ailleur, et comme l'a remarqué l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc] à la tête de l'une des copies du traitté d'union, cotté au N° précédent [66/1/3]. D'autre part, ledit nonce cassa ledit traitté, par son décret du 19. avril même année, comme conclu sans l'autorité préalable du Saint-Siège, et ordonna à l'abbé Franc, par sa lettre du 23. dit, d'envoyer ce même décret avec ses propres excuses à Leurs Excellences pour leur diette de may, ou d'y aller s'y présenter lui-même à ce sujet, s'il vouloit se départir de la résolution qu'il avoit prise de se retirer dans la maison de Sainte-Geneviève à Paris [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris]. L'abbé prit ce dernier parti, et se présenta à la diette où, avouant la cassassion de son prédit traitté d'union, il implore la protection et la bienveillance de Leurs Excellences, se soumet à leurs arrêts portés au sujet des élections de ses prédécesseurs et de la sienne, et même à faire rendre les comptes de la Maison par le procureur aux seigneurs advoyers députés, s'ils les exigent. On cotte ici N° 4 [66/1/4] de simples copies de ce dernier acte et du décret du nonce, avec sa lettre à l'abbé, et la susdite patente pour les 3 Lorrains.

On y ajoute un acte de proteste du même abbé et des religieux, du 1er may 1678, contre la susdite violence et toutes ses mauvaises suittes et frais qu'elle avoit occasionné. Mais on ne croit pas que cette proteste ait jamais vu le jour, puisqu'elle ne paroît signée que par le seul dit abbé, quoique suivant son contenu elle dût aussi l'être par ses chanoines.

5 documents cotés :
CHA 66/1/4~01
CHA 66/1/4~02
CHA 66/1/4~03
CHA 66/1/4~04
CHA 66/1/4~05

Malgré le mauvais succès de la susdite tentative d'union de l'Abbaye avec la congrégation de Notre-Sauveur ou de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], qui n'avoit servi qu'à procurer une infinité de déboirs et de malveillances à l'abbé Franc [Joseph-Tobie Franc], soit à l'Abbaye, soit de la part de l'État, MM. les Lorrains ne perdirent pas toute espérance de s'introduire enfin dans une maison aussi à leur bienséance qu'étoit la nôtre.

<page 966>


66/1/5
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Copies
1696

Vers l'année 1696, il firent présenter à l'abbé Pierre-François Odet - par leur P. Imbroue [Imbruck] - un mémoire consistant en 9 articles, et un autre à Leurs Excellences, au même sujet, contenant 7 articles. L'un et l'autre de ces mémoires contenoit des choses assés flateuses en apparence, et qui pouvoient faire impression sur les esprits tant dudit abbé [Pierre-François Odet], que de l'État. On ne s'amusera pas à les détailler dans ces Nottes : on pourra les voir cottés ici N° 5 [66/1/5], avec des réflexions qu'une personne - dont le nom ne paroît pas - a ajouté après chaque article, et dans lesquelles MM. de Lorraine ne sont pas beaucoup ménagés, car on ne les y fait pas moins passer que pour avoir voulu jouer l'abbé et l'État, se rendre maîtres absoluts de l'Abbaye, et rendre misérables et méprisables les anciens chanoines.

2 documents cotés :
CHA 66/1/5~01
CHA 66/1/5~02


66/1/6
Congrégation de Lorraine [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], etc.
Original
1697

Quoi qu'il en soit des vues qu'avoient MM. les Lorrains, elles ne réussirent pas mieux cette fois que la première. LL. EE. de Berne ayant eu vent de ce qui se tramoit de leur part, en écrivirent aussitôt à la ville de Fribourg, lui marquant que si la chose avoit lieu, elle ne devoit pas trouver mauvais qu'elles envisageassent comme suspecte cette liaison avec des étrangers non alliés, et que par conséquent elles levassent à l'Abbaye tous les fiefs et biens qu'elle possédoit rière leurs terres, etc. LL. EE. de Fribourg firent aussitôt part de cette lettre de Berne à S. E. M. le ballif De la Place [Johann Stephan de Platea ou Am Hengart], qui en même tems qu'il la fit circuler par les dizains, en communiqua la substance à l'abbé Odet [Pierre-François Odet] par sa lettre du 6. janvier 1697, cottée ici N° 6 [66/1/6] ; et il paroît qu'il n'en fallut pas davantage pour faire échouer tout projet ultérieur d'union de l'Abbaye avec des congrégations étrangères de France, puisque dès lors on n'en apperçoit plus aucun vestige.


1713 et 1714

Il est vrai que l'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis] eut encore, en 1713, recours à la congrégation de sainte Geneviève à Paris [congrégation de Sainte-Geneviève de Paris] ; mais il paroît, par deux lettres de Paris de 1714, que son but n'étoit que d'en obtenir un directeur de novices ou professeur. On les joint avec ladite lettre du ballif de la place.

3 documents cotés :
CHA 66/1/6~01
CHA 66/1/6~02
CHA 66/1/6~03

N. B. On a eu à l'Abbaye en 1718, 1731, etc., la charité d'y retirer pendant quelque tems quelques-uns de ces MM. de Lorraine, dans l'espérance d'en tirer quelque parti : mais on a toujour eu lieu de s'en repentir et de les renvoyer. C'étoient des échappés de leur congrégation [congrégation de Notre-Sauveur de Lorraine], tels qu'on doit généralement présumer que sont les religieux qui ont l'air d'être vagabonds, et qui quærunt benevolum receptorem. On peut leur marquer de la charité, mais la prudence ne permet pas de s'y fier. J'ai brûlé sur cet article des lettres qui n'auroient servi qu'à diffamer des particuliers.

 

Abbaye de Creuzlingen [Kreuzlingen], vers le lac de Constance

66/1/7
Abbaye de Creuzlingen [Kreuzlingen]
1690

Il paroît par une lettre de l'abbé de Creuzlingen [Kreuzlingen], écrite en 1690 au nonce de ce tems-là, qu'on pensoit alors en notre Abbaye à s'unir avec l'Abbaye en question. Mais ledit abbé faisoit remarquer à Son Excellence dans sa dite lettre que, du tems des nonces Cybo [Odoardo Cibo] et Cantelme [Giacomo Cantelmi], il avoit déjà envoyé à Saint-Maurice, outre les constitutions de son Abbaye, un musicien et un professeur ; mais qu'y étants tous les deux tombés dangereusement malades, il avoit reconnu que l'air, la nourriture et les meurs d'Agaune [Saint-Maurice] ne convenoient pas à ses religieux, outre qu'il y avoit trop de distance de l'une des maisons à l'autre ; et que cependant il ne refusoit pas, quand ses affaires le lui permettroient, d'entrer en correspondence avec l'abbé de Saint-Maurice [Pierre-François Odet] touchant l'intérêt commun des deux maisons.


1718

Un autre abbé de Creuzlingen [Kreuzlingen], croyant que l'unique moyen de soutenir et faire fleurir les maisons des chanoines réguliers d'Allemagne étoit de les mettre en congrégation - à l'exemple des Ordres de Saint-Benoît, des Prémontrés et de Cîteaux - communiqua à l'abbé Defago [François Defago] le dessein où il étoit de solliciter tous les prélats des chanoines réguliers à entrer dans ses vues, par sa lettre du 1er octobre 1718, à laquelle il le prie de faire réponse.

Ces deux lettres se trouveront à la fin des Nos de l'article précédent, N° 7 [66/1/7].

2 documents cotés :
CHA 66/1/7~01
CHA 66/1/7~02

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