Notes de quelques documens qui restent dans nos archives, touchant les autels érigés dans l'église de Saint-Sigismond et chapelles en dépendantes


72/1/1
Autel de la Vierge à Saint-Sigismond
Original
1349

L'abbé Barthélemi [Barthélemy Giusti] institue Pierre Becheti, de Bex, recteur de la chapelle de Sainte-Marie, fondée dans l'église de Saint-Sigismond et vacante par le décès de Jaques de Olono, ci-devant recteur d'icelle, et cela sur la présentation de Pierre Wiberti, curé de ladite église de Saint-Sigismond.

Voir aussi Liber Agaunensis, fol. 90v

1 document coté :
CHA 72/1/1


72/1/2
Autel de Saint-Sébastien à Saint-Sigismond
Original
1563

François Admoudri ayant résigné entre les mains de l'abbé Miles [Jean Miles] son rectorat de l'autel de Saint-Sébastien, fondé en l'église de Saint-Sigismond, ledit abbé et Claude Vidalis, curé de dite église de Saint-Sigismond, en qualité de collateurs et proviseurs dudit autel en vertu de la fondation d'icelui, confèrent ledit autel à Jean-François Admoudri, et cela sur la présentation à eux faite dudit Jean de la part de Jean du Noyer comme patron dudit autel, et à la prière du prédit François Amoudri, résignant, etc.

1 document coté :
CHA 72/1/2


72/1/3
Autel de Saint-Sébastien à Saint-Sigismond
Original
1566

Le même Jean Admoudri, en qualité de recteur dudit autel de Saint-Sébastien, abberge, par le conseil et consentement du prédit François Admoudri, à Jean Rolet de Chétellion [Chétillon], paroisse de Saint-Maurice, un glairier ci-devant sis en Vérolliey [Vérolliez], à condition de le réduire de nouveau en vigne dans un an, et de lui tenir compte chaque année ensuite de la moitié de la vendange, etc.

1 document coté :
CHA 72/1/3


72/1/4
Autel de Saint-Antoine à Saint-Sigismond
Original
1571

Angelin Mullatery [Angelinus Mollateri], le jeune prêtre ayant résigné l'autel de Saint-Antoine, fondé dans l'église de Saint-Sigismond, en faveur de Michel Pichonis [Michel Pichon], chanoine de l'Abbaye, et ce même Michel ayant été présenté à l'abbé Jean Miles par Noble Pierre de Rovéréa, tant à son nom qu'à celui de sa sœur, patrons dudit autel, ledit abbé Miles (à qui, en vertu de sa fondation, appartient la collation de cet autel, et la confirmation de dite présentation ; et à l'évêque de Sion, comme ordinaire, l'institution) ratifie ladite présentation, et confère dans toutes les formes d'une vraye collation ledit autel de Saint-Antoine au prédit Michel Pichonis, et l'en investit, ainsi que de tous ses droits, recevant son serment, etc.

Voilà donc un patron, un collateur et un instituteur, tous trois bien distingués, et concourants pour la provision d'un simple autel, et cela en faveur d'un régulier.

1 document coté :
CHA 72/1/4


72/1/5
Autel de Saint-Antoine à Saint-Sigismond
Quasi original
16...

Le prédit autel de Saint-Antoine étant devenu vacant par le résignation qu'en avoit fait entre les mains du collateur - c'est-à-dire de l'abbé de Saint-Maurice, à qui en appartenoit la collation - Willerme Porralis, chanoine et hospitallier, en faveur de Maurice Cattellani [Maurice Cattelani], chanoine et aumônier de l'Abbaye, l'évêque Hiltebrand [Hildebrand Jost] institue ledit Catellani, et le confirme recteur dudit autel, l'investissant de ses droits, etc.

N. B. Cet acte en parchemin est bien scellé du sceau de cet évêque, mais il n'est ni daté, ni signé, comme il devroit l'être selon sa teneur ?

1 document coté :
CHA 72/1/5

<page 1052>

72/1/6A
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original et copie
1500

Antoine Lamberti [Antoine Lambert], marguillier de l'Abbaye et vicaire de l'église de Saint-Sigismond, et sa sœur Claudine, désirants fonder une chapelanie cléricale dans ladite église paroissiale de Saint-Sigismond, obtiennent à cet effet en 1er lieu une place en dite église - savoir un autel de Saint-Bernardin non fondé - de Jean d'Allinge [Jean Bernardi d'Allinges], en tant qu'abbé de Saint-Maurice et grand curé de Saint-Sigismond, et donnent pour la fondation de cette chapellanie, à ériger en l'honneur de saint Christophe, martir, la somme de 300 florins d'or basse monnoye de Savoye [Savoie], avec charge de deux messes à y faire dire chaque semaine, se réservants à eux-mêmes cette chapellanie pendant leur vie, en accordant ensuitte le patronat ou collation à Jean Lamberti [Jean Lambert], leur neveu, et à Jean Charpillon [Jean Charpillion alias Guillermin], aussi leur neveu, par moitié, et à leurs héritiers, et l'institution audit abbé de Saint-Maurice et successeurs en même dignité.

Cette fondation, avec toutes ces clauses, est approuvée au bas par Matthieu Schiner, évêque de Sion.

2 documents cotés :
CHA 71/4/6~A1
CHA 71/4/6~A2


72/1/6B
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1501

Acquis de 12 sous et 1 coupe de froment de cense, fait par ledit Antoine Lamberti [Antoine Lambert] en faveur de dite chapellanie.

1 document coté :
CHA 72/1/6~B


72/1/6C
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1502

Donation d'une vigne Ès Perrières, faite à la même chapelle ou autel.

1 document coté :
CHA 72/1/6~C


72/1/6D
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1503

L'abbé Jean d'Allinge [Jean Bernardi d'Allinges] institue Antoine Lamberti [Antoine Lambert], prêtre, et sa sœur Colète en la chapelle de Saint-Christophe, et les en fait mettre en possession par Jean d'Allinge [Jean d'Allinges], son chapellain, avec toutes les formalités requises.

1 document coté :
CHA 72/1/6~D


72/1/6E
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
1504

Procédure entre ledit Lamberti [Antoine Lambert], chapellain, et Jaques de Bagnes, pour des censes arréragées, de peu de conséquence.

1 document coté :
CHA 72/1/6~E


72/1/6F
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1510

Ladite chapelle soit autel étant vacante par la résignation d'Antoine d'Allinge [Antoine d'Allinges], faite entre les mains de l'abbé d'Allinge [Jean Bernardi d'Allinges], celui-ci confère ce bénéfice à Jean Lamberti [Jean Lambert], etc.

1 document coté :
CHA 72/1/6~F


72/1/6G
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1511

Jean Lamberti [Jean Lambert], chapellain, abberge à Jean Charcottin, de Véraussa [Vérossaz], 4 fossoriers de terre et glairier, pour en faire une vigne, sise Ès petites preises, pour 1 denier service et le tier de la vendange.

1 document coté :
CHA 72/1/6~G


72/1/6H
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1517

Vente de la prédite vigne par ledit Charcotin, pour 6 florins.

1 document coté :
CHA 72/1/6~H


72/1/6I
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1535

Acquis fait par Amédé, chapelain de Saint-Christophe et en cette qualité, de 3 bichets seigle de cense pour le prix de 30 florins.

1 document coté :
CHA 72/1/6~I


72/1/6K
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1543

Acquis par le même de la rente d'une coupe de froment, pour 10 florins.

1 document coté :
CHA 72/1/6~K


72/1/6L
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
1565

Inventaire des titres faisants en faveur de susdite chapelle : il y en quelques-uns qui se trouvent égarés.

1 document coté :
CHA 72/1/6~L


72/1/6M
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1584

Jaques Charpillon remet à Pierre Charpillon, son beau-frè, et à ses successeurs, la part qu'il a sur le patronat de dite chapelle, pour 50 florins petit poids.

1 document coté 72/1/6M

1 document coté :
CHA 72/1/6~M


72/1/6N
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1619

Abbergement fait par Jean Charpillon [Jean Charpillion], chantre et chanoine de l'Abbaye, en qualité de recteur de Saint-Christophe, d'un glairier autresfois vigne, contenant environ trois poses, situé delà le torrent de Vérolliey [Vérolliez], et ci-devant appellé " la vigne de Saint-Christophe ", pour 2 sous de service annuel et le tier de la vendange ou autres fruits, etc. ; ledit recteur [Jean Charpillion] agissant en cet acte avec le consentement de l'abbé [Georges Quartéry] et religieux.

1 document coté :
CHA 72/1/6~N


72/1/6O
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
Original
1641

François Charpillon cède par échange à l'abbé P. Odet [Pierre-Maurice Odet] l'autel de Saint-Christophe avec tous ses droits, biens et dépendances, ainsi que toutes ses prétentions sur l'héritage de feu Maurice Cattellani [Maurice Cattelani], son oncle et sacristain de l'Abbaye, et reçoit en échange dudit abbé [Pierre-Maurice Odet] une vigne Ès Perrières appartenante ci-devant audit sacristain [Maurice Cattelani].

1 document coté :
CHA 72/1/6~O


72/1/6P
Autel de Saint-Christophe à Saint-Sigismond
1688

Instance de l'Abbaye auprès du seigneur gouverneur de Saint-Maurice sur le possessoire d'une rente sur une vigne autresfois appartenante au bénéfice de Saint-Christophe.

N. B. Cet autel n'existe plus.

1 document coté :
CHA 72/1/6~P

<page 1053>

72/1/7
Autel des saints apôtres Pierre et Paul
Original
1695

Traitté fait entre M. Nicolas Zurthannen [François-Nicolas Zurtannen], chanoine et curé de Saint-Maurice, tant à son nom qu'à celui de l'Abbaye, d'une part, et entre les héritiers de feu M. le châtelain Franc, de l'autre, par lequel la somme de dix mille florins, léguée par M. Chrétien Franc, chanoine et prieur de l'Abbaye, à l'autel de Saint-Pierre et de Saint-Paul, érigé à Saint-Sigismond pour établir un vicariat dans la même église, a été réduite à la somme de 2'500 florins.

Original confirmé au bas par l'évêque de Sion [Adrien V de Riedmatten].

1 document coté :
CHA 72/1/7


72/1/8
Autel des saints Jean-Baptiste et l'Évangéliste
Extrait
1685

Michie Coquet a légué par testament 10 écus, pour faire célébrer deux messes annuelles à l'autel de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Jean l'Évangéliste aux jours des fêtes de ces deux saints.

Extrait duement signé par Bruno, notaire, le 9. janvier 1698.

1 document coté :
CHA 72/1/8


72/1/9
Chapelle de La Rasse
Extrait légal
1644

Jeanne Plassis, femme de Pierre Pochon, habitant à Évienna [Évionnaz], lègue par testament une fossorée et demi de vigne sise au territoire d'Évienna [Évionnaz], etc., à la chapelle de Saint-Barthélemi [Saint-Barthélemy] au sommet de La Rasse, à la charge d'y faire dire trois messes par an pour elle.

1 document coté :
CHA 72/1/9


72/1/10
Chapelle d'Évienna [Évionnaz]
Extrait légal
1658

Autre leg de la somme de 100 florins, fait à la chapelle d'Évienna [Évionnaz] par Claudine Rot, veuve de Maurice Cocquoz dudit lieu, sous la charge de 2 messes annuelles pour elle.

Extrait légal tiré de son testament.

1 document coté :
CHA 72/1/10


72/1/11
Chapelles de La Rasse et d'Évienna [Évionnaz]
Original
1687

En cette année, Jaques de Praz, prêtre, s'offrit de faire de son propre bien des fondations aux chapelles de La Rasse et d'Évienna [Évionnaz], à condition d'en être établi recteur. Les paysans de ces villages ne demendoient pas mieux, et Mgr l'évêque [Adrien V de Riedmatten] y donnoit les mains. Le curé Zurthannen [François-Nicolas Zurtannen], pour soutenir les droits de son église et le possessoire des curés depuis 1640 sur ces chapelles, eut recours à la nontiature, et en obtint une citation contre ceux qui l'attaquoient à ce sujet, pour les obliger à y paroître pour dire leurs raisons.

On cotte ici cette citation, qui ne paroît pas avoir été intimée, avec un mémoire du même curé [François-Nicolas Zurtannen] sur cette affaire. Voyés supra, Visites pastorales, N° 3 [71/4/3], où l'évêque [Adrien V de Riedmatten], dans la visite de cette année, permet aux procureurs des chapelles de La Rasse, d'Évienna [Évionnaz] et de Véraussa [Vérossaz], de faire dire les messes qui ne sont pas de leur première fondation par le prêtre qu'ils voudront, ce qui attira alors audit évêque [Adrien V de Riedmatten] une lettre de la part du nonce, qui ne dut pas lui faire plaisir. Vide ibidem [71/4/3].

1 document coté :
CHA 72/1/11


72/1/12
Écoles à Éviena [Évionnaz] et à Véraussa [Vérossaz]
Copie légale
1733

Jean-Louis Favre, ancien prieur de la Val d'Illié [Val d'Illiez], docteur en théologie, donne la somme de 500 florins, pour un maître d'école à Éviena [Évionnaz] qui enseigne à lire, prier et le catéchisme aux enfans dudit lieu [Évionnaz], de La Rasse et de La Balma [La Balmaz] ; et une autre somme aussi de 500 florins, pour un semblable maître d'école à Vérossa [Vérossaz], etc.

1 document coté :
CHA 72/1/12


72/1/13
Chapelles de La Rasse, d'Éviena [Évionnaz], Collonge [Collonges], etc.
1673

On cotte enfin ici un cayer soit livret manuscrit, qui porte au commencement pour titre : " Pandecta totius redditus curæ divi Sigismundi [saint Sigismond], regis, apud Agaunos [habitants de Saint-Maurice], 1673 ". Voici un autre titre plus bas : " Cognoscitur, hisce sequentibus, redditus et onus capellarum pontis [chapelle du pont de Saint-Maurice, dédiée à saint Théodule], Verossiæ [chapelle de Vérossaz], May [chapelle de Mex], Rassiæ [chapelle de La Rasse], Evionæ [chapelle d'Évionnaz] et Collongiæ [chapelle de Collonges] erectarum ". On voit, au commencement de cette seconde partie de ce manuscrit, la description de l'horrible chute du Mont de Novierre [ancien nom de l'actuelle Cime de l'Est] et, en conséquence, de la fondation des chapelles d'Évienna [Évionnaz] et de La Rasse en 1636, et de leur bénédiction, ainsi que de celle de Collonge [Collonges].

1 document coté :
CHA 72/1/13

<page 1054>

On peut voir dans le cayer de notes sur les Legs pieux, Nos 43 [60/2/43], 44 [60/2/44], 52 [60/3/52] et 96 [61/2/96], quelques donations faites anciennement et en différens tems à l'église de Saint-Sigismond. On peut aussi voir les notes sur les chapelles de Notre-Dame sous le Bourg [63/1] et de Véraussa [Vérossaz] [63/5].

<page 1055>

Quelques réflexions particulières sur les droits qui peuvent résulter en faveur de l'Abbaye des documens cy-devant indiqués touchant l'église de Saint-Sigismond, et des autres à proportion, qu'on cottera cy-après au sujet d'autres diverses églises


1° S'ensuit-il desdits titres que l'église de Saint-Sigismond soit subjectivement unie à l'Abbaye, et conséquemment régulière ?


Cette question, ainsi proposée en général, paroîtra sans doute fort facile à décider à quiconque sera prévenu en faveur de l'Abbaye, et ne fera guère d'attention au sistème qui semble commencer à dominer aujourd'hui presque partout - et même à Rome - et qui consiste à saisir avec avidité tout ce qui peut contribuer à recoigner les religieux dans leurs cloîtres, et à éluder adroitement tout ce qui pourroit les autoriser à disperser quelques-uns de leurs membres dans des bénéfices. Mais indépendement de tout préjugé, et nonobstant le sistème dont je viens de parler, je pense qu'une cause entreprise pour soutenir l'union et la régularité de l'église de Saint-Sigismond en vertu desdits titres considérés en général seroit très soutenable. Ce seroit une question plus difficile à résoudre si l'on demendoit savoir si, en cas de procès, il conviendroit à l'Abbaye de produire tous les titres cottés aux trois 1ers articles de ces notes, ou s'il n'en faudroit produire qu'une partie, et quels seroient ceux-ci, et surtout s'il lui conviendroit d'appuyer beaucoup sur les anciens titres, dont les dates précèdent l'an 1600, et mentionés dans le 1er et 2d article de ces notes.

Chacun convient d'abord qu'il ne faut point produire de titres qui puissent nuire aux prétentions que l'on poursuit. Ainsi, pendant qu'il ne seroit question que de soutenir la régularité de l'église de Saint-Sigismond, il faudroit laisser aux adversaires le soin de produire les actes qui ne prouveroient autre chose, sinon qu'il y a eu ci-devant beaucoup de curés séculiers, qu'ils contractoient touchant les biens de dite église indépendemment de l'Abbaye, qu'elle les nommoit curés en vertu de son droit de patronat. En 2d lieu, on ne doit jamais produire des documens inutiles, c'est-à-dire qui ne font rien - ou presque rien - à la question, ou qui ne portent presque aucune marque d'autenticité, ni même des documens équivoques, c'est-à-dire qui renferment des choses ou des expressions diverses, dont les unes sont favorables et les autres contraires. Ces sortes de documens allongent les procédures, augmentent les dépenses, multiplient les disputes, embrouillent les esprits des juges, les mettent de mauvaise humeur, et leur font même juger que la partie qui les produit (surtout si c'est à elle à prouver, comme il incomberoit certainement à l'Abbaye dans ces sortes de matières) augure elle-même mal de son droit, et se défie de ses preuves, puisqu'elle en avance de si mauvaises.

Mais quels seroient donc enfin ces titres qu'il conviendroit de produire en cas de procès sur la régularité ? Les anciens qui précèdent l'an 1600 seroient-ils surtout de ce nombre ? À cela, je répons qu'il n'y a qu'un avocat, ou un procureur très habile et très versé dans ces matières, qui pût sûrement faire ce triage, et que si on avoit négligé de le consulter avant que de se résoudre à entrer en procès, on ne devroit pas au moins faire aucune production de titres sans son avis. Ceci est très important dans tout procès. Son succès dépend souvent de là : un titre ou document produit une fois mal à propos ne peut plus être retiré.

Au reste, pour aider, en cas de procès, l'avocat ou le procureur que l'on consulteroit à bien faire ce choix, il ne seroit peut-être pas inutile de lui faire faire, touchant les prédits anciens titres, les observations suivantes :

1° que la rote romaine n'a pas fait grand cas des bulles d'Alexandre 3 [Alexandre III] et d'Alexandre 4 [Alexandre IV], qu'on a déjà produit pour les cures de Collombey et de Troistorrens [Troistorrents], quoiqu'appuyées par une bulle semblable d'Inocent 2 [Innocent II], et par l'acte d'échange de ces cures contre celle de Biolley [Bioley], qui paroissoit fort concluant ;

2° qu'elle ne s'est pas débarrassé avec moins de facilité allors des documens que l'Abbaye alléguoit pour prouver que les curés de Collombey reconoissoient autresfois lui devoir une somme pour le personat, recevoient d'elle cette église à ferme et partageoient avec elle tous ses droits spirituels et temporels, etc. ;

3° que ladite rote ne s'est pas ambarrassée davantage des curés qui avoient porté l'habit des religieux de l'Abbaye dans lesdites cures de Collombey et 3torrens [Troistorrents], et <page 1056> qu'on doit remarquer d'ailleur que les titres sur lesquelles l'Abbaye fondoit alors ces habituations étoient les mêmes - ou n'étoient pas moins autentiques - que ceux qu'elle est en état de produire aujourd'hui pour l'église de Saint-Sigismond : voyés ces titres cottés ci-dessus ;

4° que la même rote ne s'est pas à la vérité expliquée sur les actes de l'échange des églises de Nenda [Nendaz] et de Saint-Sigismond, entre l'évêque de Sion et l'Abbaye, et de l'accord fait entre les mêmes, en 1215, pour la plupart des églises dépendentes de l'Abbaye, parce que ces actes ne concernoient aucunement ni Collombey, ni 3torrens [Troistorrents] ; mais qu'au reste, outre que nous n'en avons que des copies, ils ne sont pas plus concluants que les bulles des papes, qu'ils restraignent même, et que d'ailleur il faut s'attendre que notre partie ne manqueroit pas d'énerver la force de ces actes si anciens en produisant, comme ont fait ceux de Monthey et de 3torrens [Troistorrents], une longue litanie de curés séculiers, qui se sont succédé les uns aux autres pendant plusieurs siècles depuis dans l'église de Saint-Sigismond, et cela sans que nous y puissions faire voir qu'il y ait eu pendant tout ce tems-là aucun curé régulier. Car je ne pense pas que la bonne foi permît à l'Abbaye d'insister sur la qualité régulière du curé Girard en 1309, ou de s'appuyer sur ce que l'abbé Jean d'Allinge [Jean Bernardi d'Allinges] s'est appellé lui-même - en 1500 et 1507 - " curé " ou même " grand curé " de Saint-Sigismond, et qu'il en a exercé quelques droits, puisqu'on sait qu'il ne conservoit alors, comme on l'a déjà remarqué, la commende de cette cure qu'en vertu d'un indulte du pape, dont il n'auroit pas dû se munir si ladite cure avoit été unie et régulière, puisqu'en qualité d'abbé, il en auroit été le seul vrai curé, et que celui qui la desservoit n'auroit été réellement que son vicaire.

En un mot, je m'imagine qu'un habile homme qu'on consulteroit, s'il examinoit à fond tous lesdits vieux titres, s'il faisoit une sérieuse attention au degré d'autenticité qui les caractérise, s'il réfléchissoit qu'une partie d'iceux a déjà été produite inutilement dans des occasions toutes semblables, et qu'il les confrontât exactement tous avec les décisions de la rote émanées alors, je m'imagine - dis-je - qu'à moins de vouloir allonger les choses ou les embrouiller, il ne seroit pas d'avis qu'on appuyât sur ces anciens titres comme sur un des principaux fondemens de notre cause, mais qu'on ne se servît tout au plus que de quelques-uns des plus clairs pour contrebarrer la multitude des curés séculiers, que la contrepartie ne manqueroit pas sans doute de faire paroître sur la scène, et qu'on s'en tînt principalement à la dernière observance régulière, plus que centenaire, et fortifiée par la sentence de la nontiature de l'année 1683.

Il me paroît en effet que c'est là notre fondement le plus solide. Il seroit cependant peut-être à propos qu'on ne laissât pas ignorer à l'avocat qu'on consulteroit les principales objections que les adversaires n'oublieroient pas d'opposer à cette observance régulière. Les voici en peu de mots : ils diroient que les actes qui font conster de cette observance ont déjà été produits devant la rote en 1756, que celle de l'église de Troistorrens [Troistorrents] n'étoit guère moins longue, qu'elle étoit aussi bien constatée, et appuyée sur une sentence épiscopale auditis partibus, au lieu que celle de la nontiature de 1683 n'a été portée que par contumace, et que cependant la rote a déclaré la cure de Troistorrens séculière, que d'aillieur les collations des abbés pour leurs curés réguliers ne parlent point de leur amovibilité, que les clauses même qu'elles renferment y sont opposées, qu'elle s'appuyent souvent sur le plein droit de patronat, qu'elles sont enfin toujour suivies des institutions collatives des évêques, d'où l'on doit conclure que ces réguliers n'ont été admis pour la cure de Saint-Sigismond ou qu'à défaut de prêtres séculiers, ou que parce qu'on croyoit alors que les chanoines réguliers avoient droit de posséder des bénéfices séculiers, surtout s'ils en étoient les patrons ; mais que le pape Benoît 14 [Benoît XIV] ayant décidé le contraire par sa bulle de l'an 1745, il est juste qu'on l'observe vis-à-vis de la cure de Saint-Sigismond, tout comme on le fait vis-à-vis de celle de Monthey et de Troistorrens [Troistorrents].

Je ne m'amuserai pas ici à détailler les répliques que je croirois que l'on peut faire à toutes ces difficultés (voyés ci-dessus, pp. 3, 4, etc. [pp. 1035, 1036, etc.]). C'est à l'avocat que l'on consulteroit à les prévoir, et à les mettre au jour. Mais ce dont je souhaitterois qu'il fût exactement informé, c'est que ç'a toujour été - et que c'est encore - l'usage constant que notre abbé, ou à son défaut notre prieur, va chaque année avec le corps de ses chanoines faire la bénédiction des Rameaux à Saint-Sigismond, et y faire l'office aux jours du patron et de la dédicace de cette église ; qu'aux plus grandes solemnités de l'année - Noël, Pâques, Pentecôte, Fête-Dieu, etc. - les paroissiens avec le curé doivent assister à l'office dans l'église de l'Abbaye ; que toutes les processions ou supplications publiques du jour de Saint-Marc, des trois jours des Rogations, et autres pendant l'année instituées en l'honeur de plusieurs saints particuliers, se font toutes par le corps des religieux de la même Abbaye, à la tête du curé et des paroissiens, sous la seule étole et le seul étendard de l'église abbatiale ; qu'enfin, il n'y a guère plus d'un siècle que l'église de Saint-Sigismond n'avoit ni fonds baptismaux, ni étendard, et que la généralité des dîmes dans toute la paroisse a toujour appartenu à ladite Abbaye.

<page 1057>

Toutes ces choses, réunies surtout, prouvent clairement, m'a-t-on dit autresfois à Rome, que l'église de l'Abbaye a toujour été - et doit encore actuellement être - envisagée comme l'église paroissiale, principale et matrice, dont celle de Saint-Sigismond n'est qu'une succursale, qui lui reste toujour subjectivement unie. Si après avoir bien fait examiner le point de droit qu'on vient d'avancer, il se trouvoit effectivement incontestable, il ne seroit plus question que d'administrer les preuves de fait nécessaires pour en faire l'application. Ces preuves sautent aux yeux à Saint-Maurice et aux environs, puisque la plupart des faits dont il s'agit y sont de notoriété publique ; mais il n'en seroit peut-être pas de même à Lucerne, et surtout à Rome, où l'on ne sait rien de toutes ces pratiques, et où l'on ne croit pas sans doute les parties sur leur parole. Ainsi, il ne sera peut-être pas inutile que je rappelle ici tout ce que j'ai remarqué dans nos archives capable de contribuer à constatter les pratiques ci-devant avancées.

1° On peut voir ci-dessus, article Anciens droits spirituels sur l'église de Saint-Sigismond, après le N° 11 [71/2/11], le précis de l'examen de 9 témoins, fait en 1505, touchant les prérogatives de l'église abbatiale de Saint-Maurice. Ces dépositions font très bien pour la chose en question, et il est fâcheux qu'on ne les ait pas telles qu'elles ont été faites, et en forme bien autentique.

2° On peut voir cotté plus haut, au commencement de l'article des Visites pastorales, l'extrait de la visite faite en 1444 et 1445 en ce qui regarde l'église de Saint-Sigismond. Il paroît qu'on peut inférer, des paroles qu'on en a allégué, qu'il n'y avoit alors dans la parroisse de Saint-Maurice ou de Saint-Sigismond d'autres fonds baptismaux que ceux de l'église de l'Abbaye.

3° On trouvera dans le tiroir 62e, entre les titres des Legs pieux, sous le N° 131 [62/1/131], un livret soit cayer, écrit en 1615 de la main de Henri de Macognino [Henri de Macognin de la Pierre] (comme il est facile de le vérifier), chantre de l'Abbaye, et contenant, outre un calendrier perpétuel à l'usage de l'Abbaye, les rits à observer dans la même Abbaye pour la célébration des offices divins. On y lit :

1° que le dimanche avant Pâques, l'abbé avec ses chanoines va à Saint-Sigismond y bénir les Rameaux ;

2° que la veille de Pâques (ce qui se pratique aussi la veille de la Pentecôte), l'abbé bénit dans l'église de l'Abbaye les fonds baptismaux, que notre curé de Saint-Sigismond y assiste et que c'est à lui à asperser le peuple avec l'eau des fonds, d'où il s'ensuit assés clairement qu'il n'avoit alors point de fonds baptismaux à bénir ou consacrer dans son église de Saint-Sigismond ;

3° que le jour de la fête de saint Sigismond, l'abbé ou le prieur, avec les chanoines, vont faire les offices dans l'église du même saint ;

4° qu'aux trois jours des Rogations, le clergé de l'Abbaye, avec le peuple, fait les processions solemnelles à peu près de la même façon qu'on les fait aujourd'hui.

Notés cependant que dans l'ordre de la procession solemnelle et générale du 3e jour, ou du mercredi, il fait marcher les étendards de cette façon : 1° le petit étendard de l'Abbaye ; 2° celui de Massonger [Massongex] ; 3° celui de Choëx ; 4° celui de Vionna [Vionnaz] ; 5° celui de la Val d'Illié [Val d'Illiez] ; 6° celui de Vouvri [Vouvry] ; 7° celui de Troistorrens [Troistorrents] ; 8° celui de Collombey ; 9° celui de Salvan ; 10° le grand étendard de l'Abbaye. Il n'y paroît point d'étendard de Saint-Sigismond.

4° On a remarqué ci-dessus que les visites pastorales des évêques ne font mention que bien tard du baptistaire de l'église de Saint-Sigismond, et qu'il paroît qu'il n'y avoit encore point d'étendard dans le tems de la visite faite en 1687, quoiqu'il eût été ordonné à l'Abbaye, en 1615, d'y en faire faire un.

5° On peut voir dans les nottes Chapelle de Saint-Laurent, N° 4 [63/3/4], que l'abbé Duplâtre [Martin de Plastro, Duplâtre], en conférant en 1576 la chapelle de Saint-Laurent à Claude Vitalis, curé de Saint-Sigismond et habitué de l'Abbaye, sous la réserve que l'Abbaye ne sera plus tenue, pendant sa vie, de lui fournir un prédicateur dans son église de Saint-Sigismond, preuve que les chanoines de l'Abbaye étoient encore obligés alors de faire quelques fonctions dans ladite église.

6° Je sais que presque tous nos livres, où sont marquées les messes de fondation que nous disons chaque année et chaque jour, font foi que, depuis 1720 (on n'en a pas que je sache de plus vieux), l'abbé ou le prieur n'ont pas manqué de célébrer la messe pontificale ou solemnelle à Saint-Sigismond aux solemnités de ce saint ou de la dédicace de cet église. Les livres processionaux qui sont à la sacristie peuvent servir à faire voir les processions qui se font par l'Abbaye.

7° Au reste, dans le cas que toutes ces preuves ne parussent pas suffisantes, on pourroit dans le besoin demender qu'il se fît un examen juridique de témoins.

8° Quand à la généralité de la dîme rière toute la paroisse, il est aisé de prouver que l'Abbaye en a joui de toute ancièneté, et que par conséquent son église étoit paroissiale, etc. Voyés Nottes sur Saint-Maurice.

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2° Pourroit-on contester à l'Abbaye le droit de libre collation ou présentation (nomination), en cas même que l'église de Saint-Sigismond fût déclarée séculière ?


Tous les titres et documens cottés jusqu'ici prouvent évidemment que non. Il est vrai que MM. les bourgeois de Saint-Maurice et les autres paroissiens ont fait - en 1672, 1713 et 1731 - mine de prétendre qu'ils avoient droit tantôt de présenter à l'abbé trois prêtres séculiers, tantôt 4 de ses chanoines, tantôt d'en désigner un. Mais je ne vois pas que toutes ces prétentions et démarches ayent eu aucun succès, ni qu'ils les ayent poursuivies. Il est encore vrai que les abbés leur ont ordinairement nommé des chanoines ou des prêtres leurs comparoissiens, ou même combourgeois, au moins depuis M. Zurthannen [François-Nicolas Zurtannen]. Mais ce sont là des choses facultatives, qui ne font point de droit, et touchant lesquelles on ne peut prescrire, etc.


3° La cure de Saint-Sigismond est-elle chargée de quelque redevance envers l'Abbaye ?


Je n'ai pas vu d'autres titres ni documens sur cet article que ceux cottés ci-dessus, Anciens droits sur l'église de Saint-Sigismond, Nos 5 [71/2/5], 6 [71/2/6], 7 [71/2/7], 8 [71/2/8] et 9 [71/2/9], touchant une rente de 20 sous, réglée pour droit d'oblations, 50 sous pour le personat à l'infirmier, et 10 deniers service et 3 sous plait pour des chésaux, etc. ; apparemment que les reconoissances et les rentiers qui sont entre les mains des procureurs expliquent ces choses-là plus amplement.

Quand aux biens-fonds et droitures de ladite cure, et rentes que perçoivent les curés tant de l'église paroissiale, confréries, autels, que des chapelles qui en dépendent, on ne trouve dans nos archives d'autres documens qui en traittent que le peu que j'en ai cotté à l'article précédent, outre les deux dernières visites pastorales, que j'ai aussi indiqué plus haut, et quelques anciennes grosses avec quelques écrits de commissaires concernants la même cure, et qu'on pourra trouver sous leur étiquette. Tout le reste de ces autres titres et documens se trouvent sans doute à la cure, ou entre les mains des procureurs de l'église paroissiale et des chapelles, ou des prieurs des confréries. Si cependant cette église étoit effectivement unie subjectivement à l'Abbaye, et véritablement régulière, tous ses biens, ses droitures et ses revenus devroient appartenir à ladite Abbaye. Elle seroit uniquement chargée de pourvoir à l'entretien du vicaire qui la desserviroit au nom de l'abbé, soit en lui admodiant tous lesdits biens et rentes, soit en convenant avec lui pour sa portion congrue ; car telle est la nature des bénéfices subjectivement unis et incorporés à une autre église quand au temporel et au spirituel. Ainsi, tous les originaux au moins des titres concernants lesdits biens et droits devroient naturellement se trouver à l'Abbaye, et personne ne devroit être en droit de contracter au sujet de ces biens et rentes indépendemment d'elle. Ceux qui, ailleurs, sont soigneux de conserver leurs droits font bien attention à ceci, et les paroissiens de Monthey et de Troistorrens [Troistorrents] ont bien su se prévaloir du défaut où s'est trouvée l'Abbaye à ce sujet, touchant les églises desdits lieux, etc.

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