ÉPISCOPAT DE GUY DE FAUCIGNY


1078 - 1120 env.

 



Ce prélat est le premier des évêques de Genève dont on connaisse la famille et sur le caractère duquel on possède quelques renseignements.

Il appartenait à cette maison des sires de Faucigny qui a produit plusieurs hommes éminents. et dont l'histoire, durant trois siècles, est intimement liée à celle des destinées de Genève. Lui-même a pris soin, dans deux chartes données en faveur du prieuré de Contamine et écrites l'une au commencement, l'autre à la fin de son épiscopat [215 et 256], d'énumérer ses ancêtres et la plupart de ses parents, en sorte qu'il fournit pour quatre générations successives la généalogie incontestable de sa famille. Il fait ainsi connaître que son aïeul s'appelait Aimerard, son père Louis, et sa mère Tetberge ; qu'il a pour frères Willelme, sire de Faucigny, et Amédée ; enfin il donne les noms de ses oncles et ceux de ses cinq neveux, enfants de Willelme.

En présence d'indications aussi détaillées, on pourrait croire que tout fût connu sur cette famille. Il reste néanmoins à expliquer d'autres documents également précis et d'une date très rapprochée de la mort de Guy de Faucigny : l'un est la notice sur cet évêque écrite par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny [261], qui le désigne comme frère du comte Aimon de Genève; l'autre document est l'accord fait, en 1124. à Seyssel, par son successeur Humbert de Grammont, acte où la même qualification lui est donnée. Guy, de la maison de Faucigny, ne pouvait évidemment être que le frère utérin d'Aimon de Genève, et cette présomption est corroborée par la charte de fondation du prieuré de Chamonix [219], dans laquelle Willelme et Amédée de Faucigny, propres frères de Guy, sont appelés frères utérins du comte Aimon. D'après ces pièces, il faut donc admettre que Tetberge. femme de Louis de Faucigny, a aussi épousé Gérold, père d'Aimon de Genève ; il ne reste des doutes que sur la priorité à établir entre ces deux mariages successifs. En scrutant le petit nombre de données qu'on possède sur les âges relatifs des divers enfants de Tetberge, les historiens admettent tous aujourd'hui qu'elle a dû épouser en premières noces Louis de Faucigny, et qu'elle devint femme de Gérold de Genève après la mort de Louis.

La position élevée de l'évêque Guy et ses rapports étroits de famille avec deux puissants seigneurs des environs de Genève ne demeurèrent point sans influence sur son caractère et sur sa conduite. L'abbé de Gluny le représente comme un prélat généreux, charitable, toujours prêt à écouter et à secourir les malheureux, mais fier de sa noblesse et de sa dignité, entraîné dans un genre de vie trop dissolu et plus occupé des choses du monde que de celles de Dieu. Dans l'administration de son diocèse, l'histoire montre qu'il ne maintint pas, vis-à-vis de ses frères, l'intégrité du patrimoine de l'Église; qu'il leur céda ou leur permit d'usurper des dîmes et d'autres biens ecclésiastiques. Son successeur se plaignit de ces usurpations et s'efforça de les faire cesser, mais elles furent probablement l'origine des conflits, si souvent renouvelés dès lors, entre les seigneurs laïques et la puissance ecclésiastique.

Plusieurs des chartes émanées de cet évêque ont pour objet la cession à divers monastères des revenus d'églises de son diocèse, et Pierre le Vénérable signale comme un des traits les plus dignes d'éloge du caractère de ce prélat ses libéralités envers les ordres monastiques. Il nous apprend en particulier que Guy avait donné les revenus de plus de soixante églises aux prieurés de l'ordre de Cluny.

La liste de la Bible de Saint-Pierre dit que l'épiscopat de Guy dura quarante et un ans et que cet évêque mourut le 31 octobre. Le dernier acte émané de lui est du 8 octobre 1119; l'hypothèse des historiens qui placent sa mort en 1120 paraît vraisemblable.

Liste de Saint-Pierre, dans Bonivard, éd. Dunant, I, p. 184. - Besson, p. 12. - Lévrier I, p. 71.- Mallet, M. D. G. t. I, part. 2, p. 127. - Blavignac, Ibid. VII, p. 35. - De Gingins, Indicateur d'histoire suisse 1862, n° I, p. 1 et suiv.