ÉPISCOPAT DE BERNARD CHABERT


1206 - 1213

 

L'évêque Bernard est généralement appelé du nom de Chabert, mais les renseignements sur les premières années de sa vie ne sont pas établis d'une manière certaine. Les frères de Sainte-Marthe font toutefois connaître qu'il était réputé pour son grand savoir, et qu'au moment de sa nomination à l'évêché de Genève, il était chancelier de l'église de Paris. En 1213, il fut promu à l'archevêché d'Embrun, où il est mort en 1235.

L'épiscopat de Bernard n'est remarquable par aucune de ces luttes entre les pouvoirs ecclésiastiques et laïques du diocèse de Genève qui avaient signalé le règne de ses prédécesseurs. Les préoccupations étaient dirigées sur d'autres intérêts : on sait que, sur l'appel d'Innocent III, commençait alors la guerre contre les Cathares et Albigeois ; et les documents recueillis pour le Régeste permettent de conclure qu'à Genève le comte et le clergé appuyaient l'un et l'autre la politique du Saint-Siège. Les chroniqueurs mentionnent en effet le comte de Genevois, Guillaume II, comme ayant pris part, en 1208, au siège de Béziers qui inaugura tragiquement cette guerre religieuse; on apprend aussi qu'un chanoine de Genève périt d'une mort violente à une époque rapprochée de celle où eut lieu le meurtre de Pierre de Castelnau, légat du pape ; on voit enfin l'évêque Bernard fréquemment honoré par Innocent III de communications épistolaires et de missions de confiance, témoignages de la haute estime qu'avait pour lui le souverain Pontife.

Au point de vue du droit public à Genève et en regard des luttes qui doivent remplir l'histoire de cette ville durant les siècles suivants, une des chartes de l'épiscopat de Bernard mérite à un haut degré de fixer l'attention : elle montre pour la première fois le prince-évêque en contact avec la maison de Savoie. Bernard apprenant en 1211 que Berthold V, duc de Zaeringen et recteur de la Bourgogne transjurane, négociait un traité de paix avec Thomas, comte de Savoie, et craignant que le premier de ces seigneurs fût tenté d'offrir au second la cession des anciennes prétentions de la famille de Zaeringen sur les régales de Genève, s'empressa d'entrer en conférence avec le comte Thomas : celui-ci renonça formellement à toute prétention sur ces régales, en reconnaissant qu'elles appartenaient de droit à l'église de Genève..

Liste de la Bible de Saint-Pierre, dans Bonivard, Chron. édit. Dunant, I, p. 185.- Gallia Christiana, III, p. 1076. - Besson, p. 23. - Blavignac, M. D. G. t. VII, p. 38. - Mallet, Ibid. p. 190, note 28.