ÉPISCOPAT DE MARTIN DE SAINT-GERMAIN


1295 - 1303

 


Cet évêque appartient à une famille originaire du Bugey et qui était venue s'établir à Genève vers le milieu du treizième siècle au plus tard. On trouve en effet, dès cette époque, divers membres de cette famille propriétaires de biens-fonds dans les limites de la ville, et prenant part au gouvernement intérieur de la communauté. Martin de Saint-Germain entra de bonne heure dans la vie ecclésiastique : il apparaît comme clerc en juin 1265. et comme chanoine de Genève dès juillet 1273; il assiste en cette dernière qualité à plusieurs actes des épiscopats de Robert de Genève et de Guillaume de Conflans.

On peut présumer que Martin de Saint-Germain était, plus que son prédécesseur, favorable au parti de Savoie et au développement de la vie municipale. Son épiscopat ne fut signalé par aucun événement notable. C'est un intervalle de repos entre deux périodes agitées, une trêve que chacun emploie à réparer les dommages du passé et à régulariser la position nouvelle créée par les traités conclus sous l'évêque Guillaume. Le chapitre, les monastères, les curés, aussi bien que les seigneurs, les communautés d'habitants et les simples particuliers, s'entendent directement entre eux, ou recourent à des arbitrages, afin de régler leurs prétentions respectives et de délimiter leurs droits et attributions, soit dans l'ordre politique, soit dans celui des intérêts privés.

L'évêque Martin se présente essentiellement comme un administrateur vigilant, ayant à coeur la conservation des biens de l'Église. Les antiques droits de celle-ci relativement à la régale des monnaies attirent son attention; il s'efforce de conserver le privilège des évêques à cet égard, en s'opposant à la circulation des monnaies nouvelles que le baron de Vaud faisait frapper à Nyon : ce seigneur protesta, il est vrai, le 24 novembre 1298, contre cette opposition, mais des arbitres furent nommés pour terminer le conflit, et la sentence de ceux-ci, qui ne fut rendue que dix ans plus tard, le 4 avril 1308, maintint le droit de régale des évêques dans toute l'étendue du diocèse, et subordonna à leur autorisation spéciale la frappe de monnaies à Nyon. En attendant et pendant le cours de l'année 1300, le prélat rendit deux ordonnances afin que sa propre monnaie fût fabriquée à un titre légal et plus régulièrement que par le passé : les conditions établies pour le monnayage furent arrêtées avec le concours du Chapitre et des bourgeois, et une destination d'intérêt public fut donnée aux bénéfices qui pouvaient résulter de cette fabrication.

Liste de la Bible de Saint-Pierre, dans Bonivard, édit. Dunant, I, p. 186. - Besson, p. 32.- Blavignac, M. D. G. t. VII, p. 44 et 83.