La Haye 31 mars 1867

Mon cher Comte,


J’étais à Paris depuis Vendredi soir quand le Moniteur d’hier matin samedi a annoncé votre démission de Président du Corps législatif. Je voulais tenter de vous voir ; mais toute la première partie de ma journée a été prise par le mariage de mon frère ; le reste par l’affaire qui m’occupe activement ici, et j’ai dû repartir à huit heures avec le regret de n’avoir pas réussi à trouver un instant pour aller à la Présidence. J’aurais pourtant bien voulu vous exprimer de vive voix tous les sentiments dont j’ai été pénétré en lisant les termes si nobles de votre déclaration à la Chambre et de votre lettre à l’Empereur. J’y ai retrouvé toute l’élévation d’un caractère que j’ai appris, depuis dix-sept ans, à honorer et à aimer. La Chambre vous regrettera en dépit de quelques énergumènes. Puisse l’Empereur pour le pays et pour lui ne pas avoir lieu de vous regretter trop amèrement. En attendant, l’opinion publique me semble vous venger déjà des injustes attaques que vous ont valu le caractère à la fois ferme, conciliant et libéral de votre Présidence. Billing me disait hier que vous vous proposez de voyager pendant quelques mois. Je voudrais que vous eussiez la curiosité de revoir la Hollande. Il me serait bien doux de vous témoigner chez moi tous les sentiments du fidèle attachement dont je vous prie, mon cher Comte, d’agréer ici pour vous et Madame Walewska la sincère expression.