TIROIR 3 PAQUET SECOND

[Atteintes données au droit de libre élection desdits abbés]

Atteintes données en divers temps au susdit droit de libre élection des abbés de Saint-Maurice, avec les investitures des derniers abbés.

Outre les atteintes qu'on présume avoir été données à ce droit pendant quelques siècle depuis l'expulsions des moines hors de l'Abbaye, jusqu'au commencement du 12e siècle, comme on l'a remarqué à l'article précédent, en voici d'autres de différentes espèces.

1° Malgré les privilèges accordés par les bulles des papes, surtout d'Eugène 3 [Eugène III] et de Célestin 3 [Célestin III] et d'Alexandre 4 [Alexandre IV], portants que personne ne pourroit jamais établir un abbé à Saint-Maurice s'il n'étoit élu par le Chapitre, Grégoire 10 [Grégoire X] ne laissa pas, en 1274, après la mort de l'abbé Girold [Giroldus], d'y nommer un autre abbé en la personne de Pierre [Pierre de Saint-Sigismond], qui en étoit prieur, sans faire mention d'aucune élection préalable, par le seul conseil de ses frères cardinaux, et parce que, dit-il, ledit monastère dépendant immédiatement du Saint-Siège, c'étoit à lui seul d'en disposer. Infra Confirmations des abbés, N°1.
Voyés de plus art. sqq. N° 6 et 7, les bulles de Caliste 3 [Calixte III] et de Pie 2 [Pie II], qui sont entièrement contraires à ce droit.

2° Il y a eu au moins 3 abbés, savoir Barthélémi Justi [Barthélemy Giusti], en 1347, Pierre Fornerii [Pierre Fournier], en 1438, et Guillaume Bernardi [Guillaume Bernardi d'Allinges], en 1496, qui ont résigné en faveur de leurs successeurs, qui n'étoient pas de gremio, ni même encore religieux, au moins le dernier (vide ibidem N° 3, 5 et 9) et ont par telles résignations privé pour ces fois-là le Chapitre du droit d'élection, étant connu à chacun que tout bénéfice, régulier même, qui vient à vaquer in curia romana par résignation ou autrement, est pourvu de droit par le seul pape.

3° On a vu à l'article précédent, N°1 et 3, qu'outre Jean Bartholomei et Michel Bernardi [Michel Bernardi d'Allinges], résignataires de Barthélémi Justi [Barthélemi Giusti] et de Pierre Fornery [Pierre Fournier], dont on vient de parler, notre Chapitre lui-même a élu et introduit dans la maison en qualité d'abbés des personnes qui n'étoient pas religieux de dite Abbaye, ce qui ne s'accordoit guère avec les 1ers privilèges, portants que l'abbé devoit être choisi entre les frères. Voyés l'ancienne cronique cottée Dons des Rois, N° 3.

4° On a même nommé ou promu quelques fois à la dignité d'abbé des sujets avant qu'ils fussent aucunement religieux, tels ont au moins été Jean d'Allinge [Jean Bernardi d'Allinges], Jean Miles, Adrien de Riedmatten et Pierre de Grilly [Pierre du Nant de Grilly], et cela contre la teneur des bulles qui disent: Sancimus etiam nullus eis nisi regularem vitam professus canonicus aliquando subrogetur aut qualibet astutia intrudatur.

Quand aux comtes et successivement aux ducs de Savoye [Savoie], on ne voit pas que, depuis qu'Amédé 3 [Amédée III] eut restitué, en 1143, la prévôté à l'Abbaye, aucun d'eux ait jamais porté aucune atteinte à la libre élection des abbés par leurs religieux. Il n'en a pas été tout à fait de même de LL. EE. de Vallais [Valais], qui ont paru prendre à tache pendant assés longtems, sinon d'anéantir ledit droit, au moins de le diminuer et resserrer et même de s'efforcer de se l'arroger presque tout entier, [D'une autre main]:ne voulant laisser au Chapitre qu'une espèce de droit de présentation très gêné et qui ne lui auroit presque servi de rien.

<page 42> [il n'y a pas de page 41]

1571

Ca été le traitté de 1571, comme on l'a déjà remarqué à l'article précédent N° 7, qui a fait comme la base sur laquelle se sont fondées LL. dite EE pour former insuitte mille prétentions contre l'Abbaye. L'abbé Miles, en y reconnoissant l'évêque et les seigneurs patriotes comme les souverains et les protecteurs de l'Abbaye, ne promit autre chose quand à l'élection de ses successeurs, sinon que le Chapitre n'y procéderoit point sans le sou et le consentement des dits évêque et patriotes. Il n'y fut pas question d'autres choses: on ne devoit pas élire un nouvel abbé sans avoir eu au préalable la politesse de les en aviser et d'en obtenir leur permission. D'ailleur ce traitté n'a jamais été ratifié par le Chapitre quand à l'article en question et, de plus, le même Chapitre a expressément réservé l'approbation du Saint-Siège, qui n'y est jamais intervenu; comme on pourra le remarquer ailleurs, outre que la crainte et l'extrême nécessité où se trouvoit alors l'Abbaye, ont eu plus de part au traitté que toute autre considération.

1572

Cependant, à peine eut-on élu l'année suivante 1572, (ibidem, N° 7) l'abbé Duplâtre que le Chapitre se crut obligé de donner avis à LL. EE. de cette élection et de leur en demander la confirmation, ce qui ne s'étoit jamais pratiqué jusqu'alors. Il paroît qu'elle se contentèrent de cela pour cette 1ère fois. Cette conjecture est fausse: voyés cy-après Affaires avec LL. EE. de Vallais, ad annum 1572, post N° 4ème.

1587

On ne sait comment s'est faite l'élection de l'abbé de Riedmatten en 1587. On est tenté de douter qu'elle ait été bien libre, supposé qu'elle se soit en Chapitre, y auroit-on jetté les yeux sur un sujet qui, non seulement n'étoit pas membre de l'Abbaye, mais qui n'étoit pas même religieux ?
Voyés ibidem Affaires avec LL. EE. port. N° 6, ad annum 1587.

1604

La même raison feroit seule douter de la liberté de l'élection de l'abbé de Grilly [Pierre du Nant de Grilly] en 1604, mais la manière dont elle s'est faite (vide art. prae. N° 8), en pleine diette, par deux simples chanoines députés de l'Abbaye, et le mandat souverain qui a suivi, font assés voir qu'elle n'a guère été plus libre que la résignation que venoit d'y faire l'abbé de Riedmatten n'a été canonique, etc. L'évêque et l.'Etat promirent pourtant alors par serment de maintenir les droits et privilèges de l'Abbaye.


1618

Il paroît, par l'acte de mise en possession de l'abbé Georges Quartéry, faite à l'Abbaye par 3 députés de l'Etat (ibidem N° 9), que l'élection dudit abbé a été fort libre et que LL. EE., en l'agréant et reconnoissant pour abbé, ont derechef confirmé les privilèges de l'Abbaye. On verra cependant bientôt que c'est dans cette même occasion qu'elles ont statué, apparement pour la première fois, que désormais le Chapitre de Saint-Maurice seroit obligé de présenter pour abbé à LL. EE. trois sujets tous Vallesans et d'en ajouter même un 4ème ecclésiastique séculier du Haut Vallais, chanoine de Sion ou non chanoine. C'est de cette sorte qu'on affirmoit dans un endroit vouloir maintenir ce que l'on détruisoit dans l'autre.


3/2/1
Atteintes au droit de libre élection des abbés
Copie et extraits
28 février 1640

On a vu (ibidem N° 10) ci-dessus que l'abbé Pierre Maurice Odet a été élu seul en 1640 et présenté ensuite à LL. EE., etc. Mais voici en substance ce que porte l'abscheid de l'Etat touchant cette élection. Il y est dit que les députés de l'Abbaye ont présenté à LL. EE. Henri de Macognin, prieur et aumônier, Pierre Odet, sacristain, et Caspar Berodi, hospitallier, recomendants cependant spécialement ledit sacristain, que LL. EE. comme souverains de l'Abbaye et de ses droits, se souvenants qu'elles avoient le même droit de nommer un abbé que les autres souverains dans leurs Etats, acceptèrent la présentation parce que Monsieur de Macognin, bien qu'étranger, étoit depuis longtems à l'Abbaye et avoit déjà été présenté deux fois à l'Etat, et élurent pour abbé le sacristain Pierre Odet, et cela sous les réserves suivantes en confirmation des abscheid ci-devant, savoir:
1° Qu'à l'avenir, outre l'avis préalable à donner <page 43> au Ballif et aux seigneurs députés des LL. Dizains, l'Abbaye présentera toujours trois sujets natifs du pays et agréables à LL. EE.;
2° Que les jura, contragt et droits dus au révérendissime et auxdits Dizains touchant la chattellainie de Bagnes et autres juisdictions de l'Abbaye resteront intacts, comme aussi la reçue des gouverneur de Saint-Maurice et des seigneurs députés de l'Etat selon l'ancien usage;
3° Deffendu à l'abbé de prendre le titre d'altus dominus de Bagnes, devant se contenter de se dire dominus talis loci.
Ensuite, après avoir aimis les protestes des députés de Saint-Maurice touchant le collège, la prébende, etc., on ordonna au nouvel abbé de vivre en commun avec ses religieux et de se réformer lui et son monastère, à quoi il se soumit, mais il n'est pas dit qu'il se soit soumis à autre chose. Enfin on nomma les députés pour le mettre en possession.

On cotte ici N° 1 une copie allemande et signée dudit abscheid, du 28 février 1640, avec deux autres extraits, l'un latin, et l'autre en françois par Monsieur l'abbé Schiner [Jean Georges Schiner].

3 documents cotés :
CHA 3/2/1~01
CHA 3/2/1~02
CHA 3/2/1~03

 


3/2/2
Atteinte au droit de libre élection des abbés
Original et extraits
1657

L'élection de Jean Jost Quartérii [Jean Jodoc Quartéry] ayant été faite à l'Abbaye, il monta à Sion avec trois de ses chanoines pour la faire agréer à LL. EE. Selon l'abscheid de la diétine convoquée à ce sujet et tenue dès le 14 août jusqu'au 17, on fit d'abord demender aux députés de ladite Abbaye, avant que de leur donner audience, s'ils vouloient observer la coutume de présenter 3 sujets capables et patriotes, s'ils vouloient admettre ou non un 4ème ecclésiastique séculier du haut Vallais, chanoine de Sion, ou non, à teneur de l'abscheid de 1618 lors de l'élection de l'abbé George Quartéry, et s'ils vouloient observer d'autres anciens usages à l'égard de leur souverain, gouverneurs et députés de l'Etat, etc., comme les droits de vassalité, seigneurie de Bagnes, fiefs, traittement des seigneurs députés au mois de mai, reçue des seigneurs gouverneurs à Saint-Maurice et des députés de l'Etat dans leur passage par Saint-Maurice, ou conférances dans ledit lieu, etc. Les députés de l'Abbaye répondirent avec respect qu'ils observeroient les ancienes coutumes légitimement introduites, que, quand à la présentation de 3 religieux, ils avoient tâche d'élire le plus digne pour leur abbé, que cependant l'usage portant de présenter trois sujets patriotes à l'Etat pour en choisir un, ils présentoient Jean Jost Quartéry, chanoine de Sion et prieur de Martigni, Antoine Greiloz, hospitallier et Joseph Franc, en place du prieur Dorrey, étranger, que pour ce qui regarde un 4ème ecclésiatique sécullier du haut Vallais, ils ne pouvoient l'admettre. Sur cette réponce, la diette leur fit entendre qu'elle étoit résolue de se conserver dans ses droits sur l'Abbaye, comme les ducs de Savoye [Savoie] en avoient joui quand au patronat, droit d'advocatie et autres en dépendans et se conformer aux traittés et élections depuis 1475, etc., et qu'ainsi elle n'acceptoit à présent aucune élection voulant faire le rapport du tout aux conseils et communautés des Dizains. Cette résolution fit impression sur les députés de l'Abbaye qui mirent enfin Monsieur Summermatten, doyen de Sion, pour le 4ème dans la présentation. Il fut choisi par LL. EE., mais celles-ci, voyant qu'il refusoit cette dignité, elles élurent Jost Quartery [Jean Jodoc Quartéry] qui prêta serment more praelatorum. On nomma des députés pour le mettre en possession et Messieurs de Saint-Maurice parurent derechef pour le collège, prébende, etc.

Double signé Stokalper, secrétaire du pays, avec un extrait en françois.

N. B. Le droit d'advocatie et d'établir des castenvogts est diamétralement opposé aux privilèges de l'Abbaye, vis-à-vis de laquelle il n'a jamais eu lieu depuis les bulles d'Innocent 2 [Innocent II], Alexandre 3 [Alexandre III], etc. Il ne peut appartenir à aucun souverain qu'en vertu d'une conception spéciale du Saint-Siège, telle que l'ont obtenue LL. EE. de Fribourg sur les églises et maisons religieuses de leur canton, suivant que je l'ai entendu dire.

2 documents cotés :
CHA 3/2/2~01
CHA 3/2/2~02

 

<page 44>

3/2/3
Atteintes au droit de libre élection des abbés
Original et extraits
1669

LL. EE. ne furent pas tout à fait si difficiles à approuver en 1669, l'élection faite le 6ème août (art. praeced. N° 12) en la personne de l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc]. Car quoique le Chapitre n'eut présenté avec ledit élu, selon l'abscheid même du 14 août, qu'un autre chanoine de l'Abbaye, savoir, Pierre Greiloz, et André de Fontaine, prieur de Semur, françois de nation et absent, cependant, malgré les abscheid de 1618, 1640 et 1657, LL. EE. ont bien voulu pour cette fois et sans conséquence passer outre et élire ledit Joseph Tobie Franc, sans toutesfois les conditions suivantes:
1° Que ledit nouvel abbé doit promettre que jamais il n'admettra dans l'Abbaye des religieux étrangers, nommément de Sainte-Geneviève, sous peine de disgrâce souveraine;
2° Qu'il observera avec ses religieux les règlements dressés l'année dernière par l'évêque dans sa visite;
3° Qu'il fera son possible pour réincorporer dans l'Abbaye Senlis, Semur et L'Abondance, s'ils en ont été aliénés;
4° Qu'il recevra dans sa maison de bons et sages enfants du pays, surtout des 7 Dizains qu'il traittera charitablement pour empêcher les étrangers,etc.;
5° Qu'on rendra comte de tems en tems à Messieurs les castenvogts nommé par l'Etat des reçus et déboursés de la maison pour son propre bien et avantage.
Ensuitte nommination des députés pour mettre ledit abbé en possession à Saint-Maurice et autres lieux accoutumés, et même pour l'accompagner à Berne et à Fribourg, pour lui faciliter les investitures et l'y présenter.

Double d'abscheidt allemand, signé Stokalper, avec un extrait en françois, cotté ici N° 3.

2 documents cotés :
CHA 3/2/3~01
CHA 3/2/3~02

1686

Il est raconté dans l'histoire de l'élection de l'abbé Pierre François Odet déjà citée ci-devant et rapportée par l'abbé Charléti [Charléty], p. 622 etc., qu'aussitôt après le décès de l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc], le gouverneur de Saint-Maurice se transporta à l'Abbaye et en demanda les clefs de la part de l'Etat, ce qu'on lui refusa, et qu'ayant fait la même tentative le lendemain, il reçut la même réponse, que deux jours après parut encore Monsieur de la Place, envoyé par le grand Ballif pour tenir la régie en place de Monsieur de Montheis, député à cela par l'Etat, mais qu'on l'éconduisit peu à peu de même le plus poliment que l'on put, que Monseigneur l'évêque, visant à faire abbé un chanoine, sa créature (ainsi que le capitaine Preux travailloit pour son frère, le docteur Jacques Preux), fit renvoyer la diétine fixée pour cet effet au 20 février jusqu'au 28, qu'en ce dernier jour l'abbé élu ayant reparu avec les députés du Chapitre, LL. EE. exigèrent qu'on leur présenta 3 sujets de l'Abbaye au lieu d'un seul que le Chapitre présentoit, ce qu'ayant constamment refusé ledit abbé, elles remirent de nouveau cette affaire à la huitaine, sous prétexte de consulter le Chapitre de Sion, ce qui donna le tems audit abbé de faire réformer sa 1ère élection, qu'il venoit d'apprendre être nulle (vide art. praec., N° 13). Qu'enfin le même abbé, étant retourné à Sion le 3 mars et y ayant constamment refusé de faire une présentation de 3 chanoines, même sous l'offre de LL. EE. de lui donner un revers, que ce seroit sans préjudice de ses droits, celles-ci, informées que le nonce ne leur étoit pas favorable, admirent enfin ledit abbé, se contentant d'un revers de leur proteste pour leurs droits et l'observation du traitté avec l'abbé Miles, de quel revers on cotte ici une copie N° 4.

1 document coté :
CHA 3/2/4

Le lendemain 9 mars, LL. EE. firent, selon ladite histoire, plusieurs propositions à l'abbé, savoir:
1° Que l'abbé feroit serment de fidélité à LL. EE.;
2° Qu'il recevroit les sujets du haut Vallais qui seroient capables et feroient bien leur noviciat;
3° Qu'il ne feroit point d'union avec aucun ordre, ni congrégation sans leur consentement;
4° Qu'il n'alièneroit aucun fond considérable sans l'avis <page 45> et le consentement du souverain;
5° Que le châtellain de Bagnes feroit dans la suitte serment de fidélité entre les mains de Monseigneur l'évêque;
6° Que l'Abbaye donneroit annuellement une pension de 6 pistoles aux jésuites de Brigue.
De ces six articles et autres, l'abbé, étant agréé de l'Etat, ne voulut jamais consentir qu'aux 4 1ers et rejetta toujours constamment les deux dernier et tous autres, à la réserve des dits 4 premiers.

1698

Quand à ce qui regarde les difficultés que LL. EE. ont suscité à l'Abbaye à l'occasion de l'élection de l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen], sans entrer dans tout le détail de ces affaires, on se contentera d'indiquer ici brièvement les faits relatifs à l'article dont il s'agit à présent.

 

3/2/5
Atteintes au droit de libre élection des abbés
[Litt.] A.
Original
7 may [1698]

Cette élection ayant été faite le 3° maii 1698 (art. praec. N° 14), le Chapitre fit, dès le 7ème du même mois, un acte par lequel il présenta seul et recommenda le nouvel élu à LL. EE., cotté ici en original N° 5 A.

Voir aussi Charléty, p. 704

[Litt.] B
Original
7 may [1698]

Aussitôt que le Baillif de la place eut avis à Sion de ladite élection, il ordonna par sa lettre du même jour, 7ème maii, au Chapitre de s'assembler et, selon les vieux concordats, de présenter et nommer trois patriotes dudit Chapitre et un de celui de Sion, afin que l'Etat en puisse choisir un à son plaisir. Voilà les vieilles prétentions de nouveau en train.

[Litt.] C
Original
17 may [1698]

L'évêque de Sion, comme délégué du Saint-Siège et à la prière de l'Etat assemblé en diète, addressa le 17. maii au chanoine Jacques Preux un ordre en vertu duquel il seroit intimé aux religieux de l'Abbaye d'obéir audit chanoine et de le reconoitre pour supérieur jusqu'après une légitime élection confirmée ou autre disposition des supérieurs, lui ordonnant de plus à lui-même de consigner le trésor des reliques, la chancellerie, tous les titres et documens de l'Abbaye scellés du sceau dudit évêque, qu'il lui confie aussi bien que de deffendre auxdits religieux d'emprunter des sommes d'argent, et enfin d'y faire tout ce qu'il jugera utile au bien et à la paix de l'Abbaye, aux droits de laquelle ledit évêque dit qu'il ne cherche point à déroger en ceci, mais plutôt à les conserver.

19 may [1698]

Le Chapitre s'opposa par écrit, au bas de ce mandat, à tout ce qui y étoit contenu comme contraire à l'exemption de l'Abbaye, etc., et déclara qu'il ne reconnoissoit d'autre supérieur que le nonce, quoiqu'au reste plein de respect pour ledit évêque et pour l'Etat.

Voir aussi Charléty, p. 706

[Litt.] D
Original
17 et 25 juin [1698]

Cependant, l'abbé élu obtint les investitures et fut reconnu à Berne, le 17ème, et à Fribourg, le 25ème juin, nonobstant que dans la conférance tenue peu auparavant à Bex entre les députés de Berne et de Vallais, ces derniers eussent prétendu que Berne ne devoit accorder lesdites investitures aux nouveaux abbés de Saint-Maurice, qu'après que l'Etat de Vallais les auroit reconnu et recommendé. C'est ce qui comte par une lettre du Chapitre addressée à LL. EE. de Berne à ce sujet, cottée ici Litt. D.

[Litt.] E
Copie légale
13 septembre [1698]

Le 13 septembre, LL. EE. ordonnèrent, sous peine de leur indignation à ceux de Salvan et de Figneaux, d'obéir au gouvernement de Saint-Maurice jusqu'à une élection légitime d'un abbé par le Chapitre.

Voir aussi Charléty, p. 707

Octobre [1698]

En octobre, le nonce Piazza vint à l'Abbaye, entendit les raisons de part et d'autre et examina chaque religieux en particulier, qui tous confirmèrent unanimement leurs suffrages et ladite élection par écrit, en sorte que ledit nonce fut obligé de s'en retourner sans rien faire.

Voir aussi Charléty, ibidem

<page 46>

Litt. F.
Copie
10 novembre 1698

Le 10 novembre 1698, le grand Baillif de la place et d'autres députés de l'Etat étant à Bagnes, apparemment pour y tenir les assises, envoyèrent ordre au Chapitre de remettre au porteur, ou de leur apporter les clefs de la maison forte de Bagnes; mais le Chapitre répondit le lendemain qu'il ne le pouvoit, vues ses bulles d'exemption et qu'il protestoit de plus pour les immunités de l'Abbaye et pour les meubles et droits qui pouvoient se trouver dans ladite maison.

Voir aussi Charléty, p. 707, etc.

[Litt.] G.
Original
4 avril et 17 may 1699

Il conste par une lettre dudit grand Baillif du 4. avril 1699 et par une autre du 17e maii suivant, écrite par le curial de Bagnes, que LL. EE., après avoir séquestré les graines de Bagnes, en relâchèrent ensuitte au Chapitre sa portion, réservants l'argent qu'on tireroit de la partie compétante à l'abbé (le dernier abbé tiroit une partie de ses graines pour sa pension) et celui des assises pour les P.P. jésuites de Brigue. Ledit Baillif faisoit de plus savoir au Chapitre, dans sa dite lettre, et cela de la part de LL. EE., qu'elles ne reconnoîtroit jamais Monsieur Zurthannen [François Nicolas Zurtannen] pour abbé, ni vassal, ni tout autre non patriote. Ce décret étoit conforme à la lettre cottée ci-dessus litt. B, et à deux abscheidts du 7. maii 1698 et du 30 mars 1699. Vide Recueil des abscheids cottés cy-après Affaires avec LL. EE. de Vallais [Valais], N° 2.

Voir aussi Charléty, p. 708

[Litt.] H.
Copie

Ainsi il ne faut pas s'étonner si l'abbé Charléti [Charléty] dit tout uniment p. 702, que l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen] a été chassé du pays avec Franc Pittet, parce qu'il n'étoit pas vallesan. Quoiqu'il en soit, LL. EE. n'ont pas jugé à propos d'alléguer cette raison dans leur lettre aux 7 cantons catholiques, écrite au commencement de 1700. Elles ont eu recours alors à des plaintes personelles contre lui, desquelles il n'a pas manqué de tacher de se justifier. On peut voir les papiers cottés ici H.

Voir aussi Charléty, pp. 710 et 712.

[Litt.] J.
Copie
11 décembre [1699]

LL. dites EE. avoient cependant envoyé deux familiers à l'Abbaye le 11 décembre 1699, qui intimèrent à l'abbé qu'il devoit, de la part de l'Etat, sortir du pays de gré ou de force, et au prieur Pillet qu'il lui étoit ordonné d'aller à Sion rendre compte de certaines choses à eux inconnues. Ils partirent tous les deux pour Salaz, où l'abbé écrivit le lendemain à LL. EE.

Voir aussi Charléty, p. 709

[Litt.] K.
Copie

Ce fut apparement peu avant ou pendant le commencement de son exil que l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen] fit dresser 3 à 4 petits mémoires, dans lesquels il prétendoit prouver par nombre de raisons de droit et de faits:
1° Que le traitté fait en 1571, entre l'abbé Miles [Jean Miles] et LL. EE., et sur lequel celles-ci s'appuyoient surtout, n'avoit jamais été valide, et quand il l'auroit été, il ne le seroit plus attendues les dérogations et contraventions qu'elles y avoient fait elles-mêmes;
2° Que l'élection d'un abbé appartient en entier au Chapitre, et qu'il n'est tenu de faire aucune présentation à l'Etat, ni de trois, ni même d'un seul chanoine;
3° Que ledit Chapitre peut élire pour abbé un chanoine sans égard pour la nation
4° Enfin que l'Etat n'étoit fondé sur aucune raison valable pour rejetter l'élection de l'abbé Zurthannen.
On peut voir ces mémoires cottés ici litt. K, les 2. 1ers sont dans le livre de l'abbé Charléti [Charléty].

Voir aussi Charléty, p. 714 etc.

[Litt.] L.
Copie
6 may 1701

Son Excellence le grand Baillif Kreig et les seigneurs députés des 7 LL. Dizains, non contents de tout ce qui s'étoit fait jusqu'alors, contre ledit abbé firent publier un mandat du 6. maii 1701, en vertu duquel ils deffendoient à tous leurs sujets d'avoir aucune correspondance de parole ou par écrit avec le même abbé et, beaucoup plus, d'insinuer ou favoriser le moins du monde son retour, le tout sous peine de leur suprême indignation. Mais cette espèce d'excommunication ne l'empêcha pas d'être confirmé par le pape le 30 [D'une autre main: corrigé en 20] du même mois de maii, et béni bientôt après par le nonce à Lucerne, comme on le verra à l'article suivant, ni de jouir tranquilement de tous les revenus de l'Abbaye rière les cantons de Berne et de Fribourg.

Voir aussi Charléty, p. 716

Litt. M.
Copie
1702 et 1703

LL. EE. de Vallais [Valais], voyant tout cela, commencèrent peu à peu à penser à s'accomoder avec ledit abbé: elles lui firent faire des propositions: elles agirent auprès du nonce; elles employèrent <page 47> la médiation de Monseigneur Supersaxe [François Joseph Supersaxo], nouvel évêque de Sion, qui s'y employa de grand cœur. De son côté, Monseigneur Zurthanen [François Nicolas Zurtannen] ne demendoit pas mieux que de rentrer dans son Abbaye: il accepta tous les articles que sa conscience et son honneur lui permirent d'accepter; il écrivit les lettres les plus soumises à Monseigneur l'évêque et à son Excellence le grand Baillif. Mais comme il se trouvoit parmis les articles proposés des choses qu'il croyoit contraires au bien et à l'immunité de l'Abbaye, comme par exemple de rendre tous les ans les comptes de la maison à un commissaire du nonce en présence d'un député de l'Etat, et ceux de l'hôpital au gouvernement de Saint-Maurice, de ne pouvoir à l'avenir élire pour abbé qu'un sujet agréable à l'Etat, et surtout de ne plus recevoir dans l'Abbaye que des Vallesans, il déclara dans ses réponses qu'il ne pouvoit s'y soumettre, en s'appliquant surtout à combattre le dernier de ces articles, et cela pour des raisons assés solides. On parloit encore d'accord en 1703 mais il ne put avoir lieu avant sa mort qui arriva le 13. mars 1704. On cotte ici litt. M. les papiers et lettres concernants ces projets d'accord.
Ceux qui souhaiteront se mettre mieux au fait de tout ce qui s'est passé pendant ce grand différent pourront lire le livre de l'abbé Charléti [Charléty] dans les endroits cités à la marge, et parcourir quantité de lettres non seulement de la nonciature, mais des Etats de Vallais, Berne, Lucerne, 7 cantons catholiques, lesquelles dernières je n'ai pu lire, faute de savoir l'allemand, mais que je ne crois pas être fort essentielles à cet article; on les trouvera dans ce tiroir, en un paquet à part. Quand aux lettres du nonce à l'abbé Zurthannen, je les ai lues, et tout ce que j'y ai vu de plus digne d'attention est:
1° Que LL. EE., outre tout ce que dessus, ont ordonné au fermier de Vétroz pour l'Abbaye, en 1699, de leur livrer 24 pistoles pour les jésuites, et que le nonce a accordé un monitoire pour lui deffendre de faire ce payement;
2° Que le même nonce, quoique très porté pour l'Abbaye, ne jugeoit pas à propos d'user des censures contre l'Etat au sujet des violements de l'immunité de l'abbaye, crainte de trop commettre son autorité, aimant mieux la servir par des voix plus douces, moins éclatantes, et par là, avec le tems, plus efficaces;
3° Qu'il ne conseilloit pas même audit abbé de parler à contretems de l'indépendance de l'Abbaye de tout autre que du Saint-Siège, et de ce que tous les biens de l'Abbaye sont du patrimoine de Saint-Pierre, etc., et qu'il ne falloit point même hésiter d'avouer que LL. EE. de Vallais sont souveraines dans tout le pays et même dans toutes les jurisdictions de l'Abbaye, etc.;
4° Enfin, que le Chapitre a envoyé à Rome, en 1700, Messieurs Peiron et Terra, pour se plaindre contre l'abbé, surtout de ce qu'il avoit emporté des meubles, papiers, argenterie de la maison et qu'il ne fournissoit rien pour la subsistance des religieux, en quoi ils furent écoutés assés favorablement, au moins en partie, et que d'un autre côté, ledit abbé y envoya aussi Monsieur le prieur Pittet pour y soutenir ses droits et solliciter ses bulles, ce qui enfin réussit, etc.

Voir aussi Charléty, p. 716 etc.

Pendant l'absence dudit abbé et son séjour à Fribourg, l'administration de l'Abbaye fut commise par le nonce à Monsieur Longeat, chanoine régulier et curé de Troistorrens [Troistorrents], comme il conste pour la patente et lettre cottée ici litt. N.

19 documents cotés :
CHA 3/2/5~A
CHA 3/2/5~B
CHA 3/2/5~C
CHA 3/2/5~D
CHA 3/2/5~E
CHA 3/2/5~F
CHA 3/2/5~G1
CHA 3/2/5~G2
CHA 3/2/5~H
CHA 3/2/5~J
CHA 3/2/5~K1
CHA 3/2/5~K2
CHA 3/2/5~K3
CHA 3/2/5~L
CHA 3/2/5~M1
CHA 3/2/5~M2
CHA 3/2/5~M3
CHA 3/2/5~M4
CHA 3/2/5~N

 

1704

Il ne nous reste aucun papier qui nous apprenne de quelle manière l'abbé Camanis [Nicolas François Camanis] a été admis par LL. EE. de Vallais [Valais], mais il n'y a aucune apparence qu'elles lui ayent formé aucune difficulté, les embarras que leur avoit causé Monsieur Zurthannen [François Nicolas Zurtannen], lesquels n'étoient pas encore entièrement finis par sa mort, les en auroient empêché.

<page 48>

3/2/6
Atteintes au droit de libre élection des abbés
[Litt.] A.
Original
1715

Louis Charléti [Louis Nicolas Charléty] ayant été élu abbé le 29 mars 1715 de la manière qu'on l'a dit article précédent, N°16, Messieurs Gibsten et Claret parurent avec lui, de la part du Chapitre, le 25. maii suivant, devant LL. EE., à Sion, non pour confirmer ladite élection mais pour leur en rendre témoignage et pour les supplier de le reconnoître en qualité d'abbé légitimement élu, comme leur vassal, l'investir des droits et domaines attribués à cette dignité et de l'en mettre en possession, comme prêt à leur rendre hommage et fidélité et à faire tout ce qui convient à un fidèle vassal. Ce que LL. dites EE. accordèrent aussitôt, déclarant cette élection, autant qu'il leur appartenoit, valide, l'investissant et le mettant en possession de tous les droits et seigneuries qui étoient de leur arrière fief, sans préjudice de leurs autres droits, s'ils en avoient, etc.

Original scellé et signé Blatter, secretarius status.

[Litt.] B.
Original

Cependant ledit Charléti [Louis Nicolas Charléty], ayant résolu d'aller aussitôt après se mettre en possession de la jurisdiction de Bagnes, et LL. EE. en ayant eu vent, lui écrivirent aussitôt le 30. maii que la coutume et la raison voulant qu'il y assistat une personne de leur part, elles lui ordonnoient de suspendre cette cérémonie jusqu'à ce qu'elles lui eussent député à son instance une telle personne. Mais cette lettre ayant été remise audit Charléti [Charléty] que dans le tems qu'on étoit au milieu de cette cérémonie, il fut obligé d'en faire ensuitte son excuse à l'Etat, laquelle n'étant pas dressée au goût du Baillif Bourgener, celui-cy lui en envoya lui-même un modèle, comme on le peut voir à litt. B.

3 documents cotés :
CHA 3/2/6~A
CHA 3/2/6~B1
CHA 3/2/6~B2

 


3/2/7
Atteintes au droit de libre élection des abbés
Copie
1719

On ne trouve rien dans nos archives touchant l'admission de l'abbé Défago [François Défago] par l'Etat, non plus que les patentes qu'il doit avoir accordé pour la seconde fois, en 1719, à l'abbé Charléti [Louis Nicolas Charléty]. On cotte cependant ici N° 7 :

1. Un simple billet par lequel on voit que LL. EE. profitèrent de cette occasion pour tâcher d'engager alors l'abbé dernier nommé à céder l'église de Collombey, à régler que le châtelain de Bagnes sera toujour choisi dans les Dizains, qu'on ne recevra point d'étranger dans l'Abbaye, et que les lecteurs soient approuvés par Monseigneur; à quoi il doit avoir répondu:
1° Qu'on s'offroit d'entretenir un prêtre à Collombey, qui y jouit des revenus réglés par l'acte de 1718;
2° Quand au châtelain, qu'on s'en tiendroit aux traittés de 1481 et 1501;
3°Qu'on préféreroit ceux du pays qu'on trouveroit capables, etc.

2. Par un autre billet avec cette étiquette écrite de la main de feu l'abbé Claret [Jean Joseph Claret], Soumission de Monsieur l'abbé Charléti [Louis Nicolas Charléty], lorsqu'il prit les investitures, il paroît que ledit abbé Charléti consentit alors à relâcher l'église de Collombey en faveur de l'évêque et de LL. EE., à condition que le séquestre sur nos rentes et jurisdictions (mis l'an devant à cause de ces brouilleries) seroit levé, que Monseigneur l'évêque déclarera les curés de Montey [Monthey] et de 3torrens [Troistorrents] réguliers, et que LL. EE. nous protègeront en cas de difficulté, et que tous les biens et droits qui peuvent encore être à Collombey, seront transportés à Montey [Monthey], à teneur de l'acte de translation.

Vide infra Affaires avec LL. EE. de Vallais, N°11, [D'une autre main]: page 87.

2 documents cotés :
CHA 3/2/7~01
CHA 3/2/7~02

 


3/2/8
Atteintes au droit de libre élection de abbés
Copie
1737

L'abbé Claret [Jean Joseph Claret] nouvellement élu et accompagné de deux de ses religieux, comparut pendant la diette de may 1737 devant LL. EE., demenda les investitures des jurisdictions et seigneuries dépendantes de LL. EE. et s'offrit de prêter hommage et fidélité et de remplir les devoirs d'une fidèle vassal, etc. Il obtint ce qu'il demendoit, attendu son mérite et qu'il étoit patriote né, et prêta le serment more praelatorum. On cotte ici deux copies en allemand et deux en françois de cette concession avec une lettre de feu Monsieur Philippe de Torrente, où il déclare avoir tiré fidèlement les siennes de l'original.

5 documents cotés :
CHA 3/2/8~1A
CHA 3/2/8~1B
CHA 3/2/8~2A
CHA 3/2/8~2B
CHA 3/2/8~3

 

<page 49>

3/2/9
Atteintes au droit de libre élection des abbés
Original signé par son Excellence le secrétaire d'Etat
1764

On cotte ici N° 9 la patente en allemand des investitures accordées le 2 octobre 1764, par LL. EE. de Vallais [Valais] à Monsieur l'abbé Schiner [Jean Georges Schiner]. Je m'imagine qu'elles sont à peu près conformes aux précédentes pour l'abbé Claret [Jean Joseph Claret].
On ajoute ici deux lettres de Monsieur Preux, gouverneur de Saint-Maurice, chargé de donner permission au Chapitre, de la part de l'Etat, de procéder à l'élection, par la 1ère desquelles il paroit qu'il craignoit de déclare trop tôt la volonté de LL. EE., laquelle étoit, selon la dernière, que ledit Chapitre se conformât dans cette élection, aux traittés et ordonances émanés à ce sujet sans altérer en rien les droits de Messeigneurs, qu'ils veulent, ajoute-t-il, et prétendent être religieusement observés, puisque dans le tems que cette lettre fut rendue, le traitté de l'abbé Miles [Jean Miles] se trouvoit pleinement accompli de la part du Chapitre, il est visible que le réserve ultérieure des traittés et ordonances émanés au sujet des élections, ne pouvoit regarder que les abscheidts des années 1640, 57, 69, etc., cottés ci-dessus, qu'on menaçoit de remettre de nouveau sur le tapis si l'élection ne tomboit sur un sujet revêtus de toutes les qualités requises par lesdits abscheidts, quoiqu'oubliés, sembloit-il, depuis l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen].
Quoi qu'il en soit, soit le Chapitre en cas de vacance, soit l'abbé élu avant que d'aller se faire reconnoître par le souverain, ne feroient que bien de se mettre au fait des choses contenues dans cet article et de lire les petits mémoires cottés plus haut N° 5, litt. K, et les réponses et lettres de l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen] aux propositions de l'Etat, ibidem litt. M, pour ne pas s'exposer ou à choquer mal à propos, la délicatesse de LL. EE. sur cet article, ou à consentir à des propositions contraires aux droits et libertés de l'Abbaye et du Chapitre, et je pense que dans le doute, on ne devroit pas se déterminer sans avoir consulté Monseigneur le nonce.

Voir aussi Charléty, p. 736

3 documents cotés :
CHA 3/2/9~01
CHA 3/2/9~02
CHA 3/2/9~03

[D'une autre main] 1794 le 16 décembre, Monseigneur l'abbé Cocatrix [Joseph Antoine Cocatrix] nouvellement élu abbé de Saint-Maurice, alla se présenter à la diette de Syon [Sion], pour y postuler ses investitures; et il fut reçu très grâcieusement et sans difficultés, excepté que Messieurs les bourgeois de Saint-Maurice renouvellèrent leurs anciennes chicanes contre l'Abbaye, à l'occasion du collège et l'abbé eut la foiblesse de tout promettre et même de faire élever des bâtimens à cet effet. Mais après sa mort, lorsque le très Révérendissime Gaspard Joseph Exquix [Joseph Gaspard Exquis], nouvellement élu abbé de Saint-Maurice, le 28 juillet 1795, fut monté à Syon [Sion] pendant la diette de Noël de la même année, pour obtenir ses investitures, il fut reçu, soit par Monseigneur l'évêque, soit du souverain Etat de la manière la plus grâcieuse, sans difficulté, ni conditions quelconques. Ainsi on peut espérer que ces vieilles prétentions du souverain Etat seront pour l'avenir mises en oublis.