TIROIR 6 PAQUET PREMIER

Affaires de l'Abbaye avec LL. EE. de Vallais

Sous ce terme d'affaires avec LL. EE., on comprend ici tant les traittés que ladite Abbaye a fait avec elles et les marques de protection qu'elle en a reçu, ainsi que les difficultés qu'elle a éprouvé de leur part, et les atteintes contre ses vieux droits, qu'elle en a souffert. On traittera au reste toutes ces diversees affaires pêle-mêle, n'y gardant d'autre ordre que celui des tems, obervant cependant:
1° De ne pas désunir les faits qui regardent la même matière, quoiqu'arrivés en différens tems;
2° De se contenter de rappeller en gros et d'indiquer simplement les choses déjà développées dans d'autres endroits de ces nottes, avec lesquels elles ont paru avoir une connexion nécessaire
En sorte qu'on n'exposera ici avec quelque exactitude que les faits, dont on n'a point ou presque point parlé ailleurs, lesquels ne sont pas en fort grand nombre. Pour ce qui est de la bonne justice que ladite Abbaye a diverses fois éprouvé de la part de LL. EE. dans les procès et les difficultés qu'elle a eu à soutenir contre ses ressortissants ou autres tierces personnes et communautés, il serait trop long d'en parler ici, même en passant. En cas de besoin, il faudrait avoir recours aux endroit de ces nottes, où ce que l'on chercheroit pourroit être traitté.

1476 etc

Depuis le changement de domination dans le bas Vallais [Bas-Valais] jusqu'à Saint-Maurice, la première fois que l'Abbaye eut besoin de réclamer la protection et l'équité de LL. EE. du Vallais [Valais] (on entend parler ici de Monseigneur l'évêque de Sion et des 7 LL Dizains), ça été au sujet de la jurisdiction et autres droitures qui lui appartenoient rière la vallée de Bagnes, les jurisdictionnaires de cette vallée s'étants soulevés pendant les tumultes de la guerre de 1475 contre leur seigneur abbé, et, portés à main armée à sa maison seigneuriale en la saccageant et la détruisant presque, se soumirent ensuitte à l'évêque Valther [Walter Supersaxo] qui mit aussitôt cette jurisdiction en séquestre entre les mains des officiers qu'il y envoya. L'abbé Guillaume Bernardi et l'Abbaye eurent bien de la peine de s'en faire remettre de nouveau en possession: il fallut avoir recours et implorer la protectection du pape et des seigneurs de Berne et de Fribourg, et conclure peu à peu, savoir, en 1481 et 1501 des traittés avec ledit évêque et avec l'Etat, lesquels n'ont pas été fort favorables à ladite Abbaye.

On peut voir le détail de toutes ces choses aux Nottes sur Bagnes, articles Traittés avec l'Évêque et l'Etat du Vallais per totum; Observations sur les prétendus droits temporels des Évêques sur la vallée de Bagnes; Item Jurisdiction rière Bagnes.etc

1504

On peut voir aux nottes Berne, Traittés, N° 3 un taitté entre Berne et Vallais [Valais], en vertu duquel ceux de Saint-Maurice, et par conséquent l'Abbaye aussi, sont déclarés exempts de toutes tailles et impositions de la part de LL. EE. de Berne et de leurs sujets pour les biens qu'ils possèdent rière Bex et vice versa.

Voir aussi Liber vallis Illiacae, p. 243

1506 et 1507

LL. EE. eurent dans ces années occasion de faire ressentir à l'Abbaye les effets de leur protection, comme elles firent effectivement. L'abbé d'Allinges [Jean Bernardi d'Allinges] ayant fait ériger des potences rière se juridictionn de Chièses [Chièzes], il fut cité a Chamberi [Chambéry] pour y répondre touchant cette entreprise; mais prétendant qu'il ne dépendoit pas de ces tribunaux du Duc, il eut recours au Vallais [Valais]. Il se tint en 1506, une conférance à Monthey <page 78> sur tout ce sujet entre des députés des deux Etats et dudit abbé, mais qui par l'opiniâtreté des Savoyards n'aboutit à rien.

Voyés nottes sur les Chatellainies de Monthey et la Val d'Illié [Val d'Illiers], article Jurisdiction de Chièses, N° 5.

6/1/1
Affaires avec LL. EE de Vallais
Copie légale
1507

Il s'en tint une autre l'année suivante, en mars 1507, à Ivrée, entre les députés des mêmes Etats et abbés, dans laquelle, outre les articles concernants lesdits Etats et sur la prorogation de la trêve pour 15 ans, on régla quand à l'Abbaye:
1° Que pendant cette trêve, l'abbé pourroit rétablir des potences rière Chieses [Chièzes] et y exercer la jurisdiction etc.;
2° Que la question concernante le château de Grane et la fidélité touchant le même seroit aussi renvoyée à la fin de ladite trêve pour être terminée alors;
3° Qu'en place de la pension annuelle promise à l'Abbaye par le duc Louis [Louis de Savoie] en 1455, 56 et 58 et confirmée en 1498 par le duc Philibert [Philibert le Beau], le duc Charles [Charles III le Bon] régnant lui feroit assigner sur quelques bénéfice une pension annuelle de 300 florins jusqu'à ce qu'il lui eût fait unir quelque église qui lui valût au moins 10 florins de plus et que, manquant à cela, ledit duc seroit obligé de payer lui-même dès l'année courante etc.

Voyés ibidem Jurisdiction de Chièses [Chièzes], N° 6, et Beaufort, N° 5. On cotte ici N° 1 [6/1/1] une copie légale dudit traitté de 1507, suivie de celle d'un autre taitté de 1590, dont on parlera ci-dessous.

Voir aussi Charléty, p. 558

1 document coté :
CHA 6/1/1

 

6/1/2
Affaires avec LL. EE de Vallais
Copie
1521

On cotte ici N° 2 [6/1/2] un recueil de nottes des abscheidts de LL. EE. concernant l'Abbaye depuis l'an 1520 jusqu'en 1720 écrit, à ce qu'il paroit, de la main de feu Monsieur le bourguemaître Philippe de Torrenté, et qui fera en quelque sorte la base de la pluspart des choses que l'on va dire en cet article. Il y est raporté dès le commencement qu'étant survenu une bulle du pape, par laquelle Sa Sainteté ordonnoit de mettre en possession de l'Abbaye le cardinal Trivulce, à teneur des lettres patentes dont il étoit muni; les députés de l'abbé élu, ayants paru devant LL. EE à la sainte Marguerite 1521, les supplièrent de ne pas accorder ladite possession audit cardinal, d'autant que ledit abbé étoit encore en procès à Rome. Sur quoi LL. EE ordonnèrent au même abbé élu (c'étoit Barthélemi Sostion [Barthélemy Sostion]) de produire ses droits dans les 15 jours.

1 document coté :
CHA 6/1/2

 

1525

Selon le même recueil, le même abbé [Barthélemy Sostion] informa en décembre 1525 la diette de la citation qu'il avoit reçu de comparoître à Rome, de même que Monseigneur l'évêque, élu par la même raison, pour laquelle le feu pape Adrien [Adrien VI] avoit donné au cardinal Trivulce ladite Abbaye. Sur cette représentation, LL. EE reçurent ledit abbé sous leur protection, aussi bien que Monseigneur l'évêque, et il est ajouté que LL EE. de Berne promirent d'en faire autant.
En 1526, ledit abbé pria encore LL. EE. d'écrire aux cantons pour les engager à employer leurs bons offices contre ledit cardinal Trivulce.

N. B. On ne voit pas précisément comment a fini l'affaire de cette provision de l'Abbaye faite par le pape en faveur dudit cardinal, mais on ne doit pas douter qu'elle n'ait été cause soit de ce que l'abbé Barthélemi Sostion n'a été confirmé à Rome que tout au plutôt en 1548, soit du long interdit auquel l'Abbaye a été assujettie, et qui n'étoit encore que suspendu quand l'abbé Miles [Jean Miles] a été confirmé à Rome.

Vide Confirmations des Abbés, N° 10, litt. B Supra.

Quand à la provision de l'évêché de Sion faite par le pape en faveur du cardinal Cesi au préjudice de l'évêque Philippe de Platea, qui n'a jamais été confirmé à Rome, voyés le Vallesia Christiana de Monsieur. Briguet, p. 183.
[NB:BRIGUET, Sébastien, Vallesia christiana seu diocesis Sedunensis historia sacra, Vallensium episcoporum serie observata, addito in fine eorumdem syllabo, Sion, 1744]
Au reste, ladite provision en faveur du cardinal Trivulce étoit entièrement contraire au privilège accordé par Félix 5 [Félix V] en 1445 et confirmé en général par Nicolas 5 [Nicolas V]

 

Vide supra Privilèges des papes, N° 22.

<page 78>

1524

Le même recueil ajoute encore, p.1, que Monseigneur l'évêque, le Chapitre de Sion, l'abbaye de Saint-Maurice, la maison de Saint-Bernard et d'autres particuliers ayants voulu faire valoir leurs prétentions contre feu Monseigneur le cardinal Schiner; LL. EE. avoient assigné le 1er septembre 1525 leurs payemens sur la prétention que ledit cardinal avoit contre Maximilien, duc de Milan, qui étoit pour lors en France.

1532

L'évêque de Sion et divers autres seigneurs ecclésiastiques et séculiers déclarent en cette année, en vertu d'un compromis, que la bourgeoisie de Saint-Maurice peut se redîmer moyennant une modique somme de la cense annuelle de 9 muids froment qu'elle devoit à l'Abbaye, ne l'obligeant plus à en reconoître que 2 muids de 11 quelle en reconnoissoit auparavant.

Voyés Nottes sur Saint-Maurice, article Muids de froment, N° 7.

1541

Les chemins entre Saint-Maurice ayant en cette année besoin de réparation, ledit recueil nous apprend que LL. EE. réglèrent au mois de décembre que chaque bannière sauf Saint-Maurice fourniroit écus 30, M. l'abbé pour sa jurisdiction écus 60 et le sacristain pour son dîme écus 10.

1555

Selon le même recueil, fol. 1v, l'abbé Miles [Jean Miles] demanda en cette année le 6 février, jour auquel on confirmoit l'alliance entre les 7 cantons et le Vallais [Valais], d'être reçu et compris dans ladite alliance, déclarant qu'en ce cas, on laissera à LL. EE. le droit d'élection et collation d'un abbé patriote du Haut-Vallais [Haut-Valais] quoique ladite élection appartienne à ladite maison à teneur de ses privilèges. Sur quoi les députés des cantons doivent avoir répondu qu'ils y consentoient suivant l'ordre qu'ils en avoient, si le Vallais y consentoit. Mais ses députés doivent avoir dit qu'il n'étoit pas nécessaire que l'Abbaye y fût comprise, d'autant qu'elle étoit sous la protection de l'Etat et que, d'ailleur, ils n'avoient point d'ordre pour cela de leurs communes. Ad referendum.

6/1/3
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Original
1560

L'évêque Jordan [Jean Jordan] et l'Etat envoyèrent en cette année le 14 novembre un ordre à l'abbé Miles [Jean Miles] d'aller conjointement avec d'autres leurs députés vers cinq des cantons suisses leurs combourgeois et confédérés pour tâcher d'éteindre le feu de la guerre qui s'étoit allumé entre lesdits cantons et Glaris, etc.

Original


Voir aussi Charléty, p. 585

N. B. Le même abbé avoit été député en 1552 par ledit évêque pour assister de sa part au concile de Trente et, muni de sa procuration et d'un sauveconduit de sa part, ainsi que d'une lettre de recommendation du nonce de Lucerne, addressée aux cardinaux légats du Saint-Siège présidents audit concile, comme on peut le voir dans le Nomenclatura de l'abbé Jost Quartéry [Jean Jodoc Quartéry] p. 270, 271 etc. et 275. et dans le livre de l'abbé Charléti [Charléty],p. 583 et sqq. Il y a apparence que tous ces voyages dudit abbé n'ont pas beaucoup enrichi l'Abbaye. S'il en faut croire l'abbé Jost Quartéry dans son Calliope p. 190, colum. 2, le même abbé a aussi assisté au nom dudit évêque à une diette de l'empire qui s'est tenue à Ratisbone [Ratisbonne].

1565

Dans la diette tenue en cette année le 23 may LL. EE., sous prétexte que l'hôpital de Saint-Maurice [hôpital Saint-Jacques de Saint-Maurice] n'étoit pas bien gouverné, ordonnèrent au seigneur gouverneur de tirer à lui ledit hôpital et d'établir deux bourgeois de Saint-Maurice pour qu'il soit mieux entretenu et les pauvres bien reçus. Ceci est tiré du susdit recueil cotté, supra N° 2. Cet abscheit de LL. EE. n'a pas laissé que de causer dans la suitte des ambarras à l'Abbaye, comme on pourra le voir dans les nottes des titres et papiers concernants ledit hôpital, lorsque quelqu'un aura prié la peine de les dresser.

1566

Par sentence portée en cette année par l'évêque et 14 assesseurs, l'Abbaye ou le sacristain est déclaré déboutée de presque tous ses anciens droits de fief et de dîme rière Ottans.

Voyés Nottes sur Salvan, article Ottans, N° 14

2 documents cotés :
CHA 6/1/3~A
CHA 6/1/3~B

 

<page 79>

6/1/4
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Copie
22 may 1571

Traité de l'abbé Miles [Jean Miles] avec LL. EE
Ce fut en cette année et le 22 may que fut conclu en pleine diette entre Monseigneur l'évêque Hilteprand de Riedmatten [Hildebrand de Riedmatten]et les députés des 7 LL. Dizains d'une part, et l'abbé Jean Miles de l'autre, le fameux traitté sur lequel LL. EE. ont si souvent appuyé leurs prétensions sur l'Abbaye, comme on l'a vu surtout ci-dessus à l'article Atteintes au droit de libre élection des abbés et, comme on le verra encore ci-après, et que l'Abbaye a si souvent rappellé à LL. dites EE. lorsqu'il s'agissoit de les engager à la protéger et à lui conserver ses droits et privilèges. Ledit abbé, après avoir reconnu que l'Abbaye, attaquée de tous cotés et accablée de pertes, ne peut plus subsister sans le secour et la protection de LL. EE., déclare que lui, abbé, et ses religieux, cèdent et remettent ladite Abbaye avec toutes ses dépendences, droits et rentes sous la deffense et protection dudit révérendissime évêque et des seigneurs patriotes du haut Vallais [Haut-Valais], les reconnoissants pour les vrais protecteurs et hauts seigneurs dudit monastère. De plus, ledit abbé promet que les religieux de l'Abbaye ne pourront plus procéder à l'élection d'un abbé sans le sçu et le consentement des prédits évêques et seigneurs. Enfin, il promet de faire confirmer tout ceci par son Chapitre. De l'autre coté, les prédits évêque et seigneurs députés recoivent pour eux et leurs successeurs ladite Abbaye sous leurs deffense et protection et promettent de la protéger et deffendre elle et tous ses droits et appartenances de toute violence, innovation et diminution autant que leurs forces le permettront.

Voir aussi Charléty, p. 592

4 juin 1571

Le 4 juin suivant, le même abbé et ses religieux assemblés en Chapitre, approuvèrent et ratifièrent ledit traitté quand à ce qui concerne la remise de l'Abbaye sous la protection et deffense de LL. EE., mais sans faire aucune mention expresse ni de souveraineté, ni à plus forte raison de la promesse de ne point élire d'abbé sans leur sçu et consentement. Ils réservèrent de plus le devoir, obéissance et l'honeur du Saint-Siège, comme ils avouèrent y être obligés. Il ne nous reste que de simples copies de ce traitté et de sa ratification. L'abbé Charléti [Charléty] ne le rapporte aussi dans ses copies p. 592 que d'après une simple copie. On joint ici un petit mémoire qui contient quelques observations sur ledit traité.

N. B. C'est un espèce de tradition dans l'Abbaye qui n'est cependant pas appuyée sur des fondements bien solides que l'abbé Miles, après son retour du concile de Trente, où il avoit été établi inquisiteur dans le Vallais [Valais], fit brûler grand nombre de bibles de Zürich à Saint-Maurice ou plutôt, comme le dit l'abbé Jost [Jean Jodoc Quartéry] dans son Nomenclatura abbatum p. 268, sous les potences de Conches, ce qui, étant venu à la connoissance de LL. EE. de Berne, elles séquestrèrent ou se mirent en possession de tous les biens de l'Abbaye rière leur canton, et l'on prétend que c'est cette fâcheuse extrémité où se trouva alors ledit abbé, outre l'incendie de la maison, qui le fit recourir à la protection de LL. EE. de Vallais [Valais] au moyen du susdit traitté où il insinue effectivement assés que l'Abbaye se trouvoit alors dans de grands embarras.

1572

Il est rapporté dans le susdit Recueil d'abscheits fol. 2, cotté supra N° 2, qu'en mars 1571 (c'est une erreur: on doit lire 1572, vide Election des abbés, N°7), les chanoines de l'Abbaye, ayants élu pour abbé Monseigneur Duplâtre après la mort de l'abbé Miles, le présentèrent à LL. EE. comme élu, sous la réserve de leur agrément. Sur quoi leurs dites EE. ayant délibéré, elles trouvèrent que cette élection leur appartiendroit, mais que cependant elles vouloient bien acquiescer à cette même élection faite et nommer ledit Duplâtre aux conditions suivantes:
1° Qu'à l'avenir, l'élection ne se fera jamais sans le savoir de Monseigneur, du ballif et de l'Etat;
2° Que dans l'élection seront toujours réservés les droits de Monseigneur et de l'Etat sur l'Abbaye et ses membres, comme Bagnes et autres;
3° Qu'on n'établira jamais un grand châtellain à Bagnes sans le savoir et consentement de Monseigneur et de l'Etat, suivant le traitté fait avec l'abbé défunt (N. B.: le traitté ci-dessus ne fait point mention de cela);
4° Qu'au cas qu'un religieux qui fût sur un bénéfice ou cure hors de la maison vint à mourir, son bien qu'il auroit du couvent doit retourner, et le reste qu'il aura acquis sur le bénéfice doit échoir à Monseigneur.
On obligea de plus ledit abbé de payer les frais de cette diette comme convoquée principalement à son sujet et, en outre, de fournir au maître d'école de Saint-Maurice tout ce qui l'abbé défunt a promis. On ne dit pas ici ce que c'est.

6 documents cotés :
CHA 6/1/4~A1
CHA 6/1/4~A2
CHA 6/1/4~A3
CHA 6/1/4~A4
CHA 6/1/4~A5
CHA 6/1/4~B

 

6/1/5
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Original
24 may 1573

Comme un certain droit de jurisdiction et de fief rière les parroisses de la Val d'Illiés [Val d'Illier], de Troistorrens [Troistorrents] et de Collombey, acheté par l'abbé Barthélemi Sostion [Barthélemy Sostion] de certains Monsieur Hugonin de la Tour de Peil [Tour-de-Peilz], comme cause ayants des nobles d'Arbignon, se trouvoit mouvant de l'arrière-fief noble et hommage lige de LL. EE. et que les abbés ne pouvoient à cause de leur Etat descrir cet hommage, LL. dites EE., voulant le retirer à elles, offrirent à l'abbé Duplâtre de lui en restituer la valeur, savoir 500 écus d'or au soleil, partie en argent comptant et partie en lui remettant la pension d'une année due par son altesse de Savoye [Savoie]. Ledit abbé accepta cet offre, protestant cependant que s'il se trouvoit
1° Que ledit droit cédé valut davantage, on lui payeroit le surplus;
2° Que s'il se trouvoit rière Troistorrens des cens et rentes non-compris dans ladite vendition, il pourroit les redemander; 3° iIl protesta aussi pour tous les arrérages et lauds pour le tems que l'Abbaye avoit possédés lesdits droits de fiefs.
Toutes ces protestes lui furent admises par LL. EE., comme il conste par leur patente originale du 24 may 1573, dont cependant le sceau ne paroît que par la place qu'on voit qu'il a occupé.

N. B. Cet acte est relatif aux nottes sur le fief de la Val d'Illiés [Val d'Illiers], N° 21 et 23.

1 document coté :
CHA 6/1/5

 


6/1/6
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Original
14 décembre 1573

LL. EE. ordonnèrent le 14 décembre 1573, vue une supplique dudit abbé [Martin Duplâtre], à tous les notaires qui stipuleroient des ventes et aliénations de bien immeubles rière la vallée de Bagnes, de s'informer des contractants, de quel fief les choses aliénées étoient mouvantes, de marquer cela dans leurs actes, et d'en donner copie audit abbé quand ils en seroient requis, moyenant leur salaire condigne, mandants à leurs officier de Bagnes de publier cette ordonance etc.

Original
1581, 1583 et 1584

Touchant la protection que LL. EE. de Vallais [Valais] ont fait ressentir en ces années à l'Abbaye, on ne répétera pas ici ce qu'on a déjà dit aux nottes sur Ollon, article Affranchissement de la taillabilité rière Ollon, N° 5, 6 et 7 au sujet de l'affranchissement de la taillabilité personelle d'un grand nombre de personnes rière ledit mandement. Il en est aussi fait mention dans le recueil des abscheits, cotté supra N° 2 à l'année 1581, fol. 7v, ou dans l'abscheidt qui y est rapporté: il est dit que dans la conférence tenue en cette année 1581 entre les députés des deux Etats, outre ce qui regardoit ladite taillabilité, il fut conclu et arrêté que ceux de Lavey n'ont pas droit de rendre particulier du bien commun du côté de Lavey, que ceux de Saint-Maurice resteront maintenus dans leurs droits et titres d'en abberger, et qu'enfin ceux de Lavey abandoneront derechef à l'usage commun les terres qu'ils auroient partagé entre eux et rendu particulières.

8 mars 1587

Dans l'abscheit rapporté dans le même recueil fol. 3v, il est dit que l'abbé Riedmatten [Adrien de Riedmatten] a été élu abbé par le Chapitre de l'Abbaye faute de sujets propres à cette charge dans l'Abbaye, qu'il a été agréé par l'Etat malgré l'inobservance des formalités requises, mais que ledit Riedmatten, n'a accepté cette dignité qu'aux conditions qu'il tiendra ladite Abbaye en commende, qu'il gardera en même tems son décanat et canonicat de Sion aussi long tems qu'il voudra, et qu'il jouira de tout revenu de l'Abbaye comme ses prédécesseurs et sous les conditions insérées dans l'Abscheid de l'élection de l'abbé défunt. On voit assés par ces réserves qu'il ne vouloit ni se faire religieux, ni par conséquent être confirmé à Rome.

<page 81>

1589 et 1590

Dans les abscheids des diettes de ces années, rappelés dans le susdit recueil fol. 4v et fol. 5, il n'est fait mention que d'une espèce d'alliance faite entre le duc de Savoye [Charles Emmanuel I, duc de Savoie] et l'Etat de Vallais [Valais], et du marché conclu entre eux pour livrer au premier la moitié des reliques de saint Maurice et son épée. Mais comme on a déjà parlé de ce dernier article qui seul regarde l'Abbaye dans les nottes sur les aliénations des reliques, surtout de Saint-Maurice, sub N°1, on se contente d'avertir ici qu'on trouvera une copie légale du traitté conclu à cet égard le 16 décembre 1590, et de ses ratifications à la suitte d'un autre traitté de 1507 conclu à Ivrée et cotté ci-dessus N°1, et que la quittance finale du payement de la somme de 2000 écus fait à l'évêque et à l'Etat, qui se lit au bas dudit taitté de 1590 et est dattée du 2 juin 1606, porte tout uniment que ce payement s'est fait pour les reliques de St Maurice remises à Son Altesse.

Voir aussi:
Abbé Jodoc Quartéry, Vita sancti Mauritii, p. 248 ad 268
Charléty page 609 et sqq.

LLEE. de Vallais [Valais] ont souvent employé, surtout au commencement du 17e siècle, leurs bons offices auprès de LL. EE. de Berne:
1° Pour la faire déclarer exempte de contributions, surtout militaires, rière Ollon (1600, 1601, 1609). Voyés l'art. Contributions de l'Abbaye rière Ollon, N° 6, 7 et 9;
2° Pour empêcher que l'Abbaye ne fût obligée d'affranchir les terres taillables dudit lieu de cette servitude réelle (1617). Voyés Affranchissement de la taillabilité à Ollon, N° 9;
3° Pour la faire délivrer de la garnison de Salaz (1664). Voyés l'article Berne, Traittés, N° 18.

2 documents cotés :
CHA 6/1/6~A
CHA 6/1/6~B

 

6/1/7
Affaires avec LL. EE. de Vallais

Outre tout ce que l'on a dit dans les endroits que l'on vient de citer pour faire conster de ces bons offices de LL. EE. qui n'ont cependant pas eu le succès que l'on désiroit, on cotte ici N° 7 [6/1/7], une liste des titres concernants l'Abbaye de Saint-Maurice, qui se trouvent dans les archives du souverain Etat de Vallais à Sion, écrite de la main de M.Philippe de Torrenté, dans laquelle, page 2, on done une idée de ce qui s'est passé dans les diettes touchant les articles susdits aux années 1599,1601, etc. LL. EE de Vallais ont surtout allégué en 1601 le traitté de paix de l'Évêque Valther avec Berne, où on est convenu que les Ecclésiastiques doivent rester comme ils se sont trouvés alors.

N. B. Il seroit important pour l'Abbaye d'avoir une copie autentique de ce traitté, au moins quand à cette clause pour bien des raisons, et surtout à cause de la difficulté qu'on lui a formé à Berne pour le laud sur tous ses biens de delà.

24 janvier 1604

Dans le susdit Recueil d'abscheids, cotté supra N° 1 sont rappelés les articles d'une conférence tenue en cette année entre Berne et Vallais, Scavoir:
1° Que ceux de Saint-Maurice sont déclarés exempts à perpétuité de toute charge de guerre à l'égard de leurs biens rière Bex;
2° Que Berne aura toute jurisdiction rière le mandement dudit Bex, sauf les droits du sacristain et autres particuliers;
3° Que ceux de Saint-Maurice payeront à ceux de Bex en vue de la susdite exemption 800 florins;
4° Les difficultés touchant les susdits bien rière Bex se jugeront rière Berne;
5° Les aliénations desdits biens seront stipulés par notaires bernois, sauf testamens et partages.

5 décembre 1604

Le même Recueil fol. 6 rapporte qu'après la résignation de l'abbé Adrien de Riedmatten faite à l'Etat, l'Abbaye a présenté en conséquence de son droit d'élection Pierre de Grilly [Pierre du Nant de Grilly], Maurice Cattellani, aumônier, et Henri de Macognin, chantre, et que l'Etat a élu unanimement ledit de Grilly, en qu'ensuitte les chanoines de l'Abbaye ont protesté pour leurs droits et vieilles coutumes.

N. B. Ceci ne s'accorde guère avec ce que l'on a dit Elections des Abbés N° 8.

<page 82>

1608

Selon le même Recueil, ibidem, l'abbé de Grilly [Pierre du Nant de Grilly] ayant présenté à l'Etat M. Antoine Valdin pour châtellain de Bagnes, LL. EE. y consantirent pour cette fois, réservant qu'à l'avenir on en présenteroit quatre, et encore sauvés les droits de Monseigneur. Je compte que c'étoit encore là une nouveauté.

18 mars 1618

Selon le prédit Recueil, ibidem, les députés de l'Abbaye ayant présenté le 18 mars 1618 à LL. EE. George Quartery [Georges Quartéry] comme légitimement élu par le Chapitre en vertu de ses privilèges, on leur reprocha d'abord que cette élection n'auroit pas dû se faire sans per mission, on les força ensuitte d'en présenter d'autres avec ledit Quartery ce qui, étant fait, LL. EE. élurent enfin le même George Quartery sous les conditions suivantes:
1° Qu'il rebâtira l'église et que pour cet effet les revenus de la maison de Salaz seront remis à 3 commissaires nommés pour cela par l'Etat;
2° L'abbé et religieux vivront dans une même table;
3° Qu'à l'avenir l'un des trois présentéspour Abbé doit être du haut Vallais [Haut-Valais], etc.

4 juillet 1618

Le même Recueil, fol. 7 contient un abscheid par lequel le souverain, en qualité de protecteur des Chapitres de Saint-Maurice de Saint-Bernard et de Géronde, leur deffend d'avancer les étrangers aux bénéfices et dignités sans le consentement de l'Etat, sous peine de cassation de l'élection, et de leurs droits et privilèges avec proteste. Il n'y a rien à dire, cet acte de protection est encore admirable. On voit un autre abscheid à peu près semblable de l'an 1689 dans le même recueil.

en décembre 1627

Ordre donné par LL. EE à l'abbé et aux particuliers de Saint-Maurice de produire dans deux mois leur droit de vannel, sub periculo privationis.

N. B. On ne fera pas mention ici de ce qui est rapporté dans le prédit recueil touchant le consentement que LL. EE. ont donné aux élections des nouveaux abbés Pierre Maurice Odet en 1640, Jean Jost Quartery [Jean Jodoc Quartéry] en 1657, Joseph Tobie Franc en 1669 et Pierre François Odet en 1686, etc, parce qu'il ne s'y trouve pas grand chose qui ne soit assés conforme à ce que l'on en a dit plus haut Atteintes au droit de libre élection des Abbés, N° 1, 2 et 3 etc.

1638

En cette année, ceux de Vouvri [Vouvry] reconnurent pour la première fois en faveur de LL. EE. presque tous les droits de jurisdiction et autres qu'ils avoient reconnu anciennement en faveur de l'Abbaye et que lui avoient sans cesse confirmé les comtes et ducs de Savoye [Savoie], et même encore en 1498, et cela sans motiver aucune raison de ce changement du seigneur suzerain desdits droits.

Voyés Nottes sur Vouvri, article Jurisdiction de Vouvri, N° 34.

2 documents cotés :
CHA 6/1/7~01
CHA 6/1/7~02

 

6/1/8
Affaires avec LL. EE. de Vallais [Valais]
Copies
1675 et 1676

Ce seroit ici l'occasion de parler des difficultés qu'a eu en ces années l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc] avec LL. EE. au sujet de l'union de l'Abbaye fait en 1672 avec la congrégation de Lorraine, des infractions contre l'imunité de l'Abbaye, qui se firent alors par les commissaires de l'Etat, de leur rétractation touchant ces infractions et, enfin, de la cassation de tous ces actes et de ladite union par le nonce: Mais on renvoye à ce qu'on a dit brièvement touchant toutes ces choses à l'article Congrégation de Lorraine, surtout N° 4. Ceux qui seront curieux d'en savoir d'avantage pourront voir:
1° Les actes de l'abbé Charléti [Charléty], p. 647 etc., et derechef son supplément [Liber III] ou addition, post page 280;
2° Le livre des actes du Chapitre depuis l'an 1657 jusqu'à 1678, où est insérée et signée par le secrétaire du Chapitre la copie de ladite rétractation des seigneurs commissaires;
3° Plusieurs lettres de la nonciature à ce sujet, qu'on trouvera dans un paquet à part dans ce tiroir, avec d'autres papiers de peu de conséquence concernants les affaires avec les jésuites de Brigue, dont on va parler.

On ne cotte ici N° 8 [6/1/8] que des copies simples desdites cassations, de ladite union et de la rétractation des commissaires, de laquelle on a déjà cotté une copie plus authentique ci-dessus Jurisdiction dans l'Abbaye, N° 7.

3 documents cotés :
CHA 6/1/8~A
CHA 6/1/8~B1
CHA 6/1/8~B2

 

<page 83>

Les impositions auxquelles LL. EE. ont assujetti l'Abbaye pour l'entretien du collège de Saint-Maurice et de celui des jésuites de Brigue ont formé des affaires plus intéressantes pour ladite Abbaye que la plupart des précédentes.

Collège de Saint-Maurice
Pour ce qui concerne le collège de Saint-Maurice, on ne répétera pas ici ce que l'on a exposé assés au long aux nottes sur la châtellainie de Saint-Maurice, article Collège de Saint-Maurice pensionem. On se contentera de remarquer en gros que LL. EE. n'ont presque pas cessé depuis 1559 de presser l'Abbaye et même de lui ordonner de livrer chaque année deux chars de vin pour ledit collège pendant que l'hôpital livreroit aussi 6 couppes de froment. Ni l'Abbaye ni l'hôpital ne voulurent se soumettre à payer cet impôt directement opposé à leurs privilèges. L'Abbaye s'y opposa plus fortement et avec encore plus de raison quand elle vit qu'on vouloit encore lui faire contribuer des sommes considérables, comme on va le voir, pour le collège de Brigue. Messieurs de Saint-Maurice ne laissèrent pas de poursuivre cette affaire devant LL. EE. et ils en obtinrent enfin, en 1684, la permission de retenir les 2 muids, soit 6 sacs froment dus annuellement à l'Abbaye par la bourgeoisie, en place du vin et grain que celle-ci prétendoit pour le collège, etc. L'Abbaye réclame toujour contre cette retenue de sa rente, et cette difficulté ne fut terminée que par la fameuse sentence de 1741 où, quelque soin qu'ait eu Monseigneur l'abbé Claret [Jean Joseph Claret] d'alléguer les privilèges de l'Abbaye, la protection que LL. EE. lui devoient en vertu de leur traité avec l'abbé Miles [Jean Miles] et les sommes qu'elle avoit fourni pour le collège de Brigue etc., on ne laissa pas de la condamner à relâcher à la bourgeoisie la rente desdits 6 sacs froment enplace dudit vin en faveur du collège, de façon que l'Abbaye doit être censée payer encore à présent chaque année 6 sacs ou 24 coupes froment pour ledit collège.

Collège de Brigue
Quand à ce qui concerne le collège des jésuites de Brigue, voici en peu de mots ce que l'on en sait de plus intéressant.

1660

Dans l'acte de la fondation du collège de Brigue faite en cette année (vide ibidem Collège de Saint-Maurice, N° 7), l'Abbaye fut taxée par LL. EE. à 14 pistolles de rente annuelle pour ledit collège, en place du repas prétendu dû à LL. EE. à la diette de may.

1671

On ne voit pas que ladite odonnance ait eu aucune suitte jusqu'en 1671 où, s'il en faut croire le compte produit en 1708 par les jésuites et cotté ci-dessous N° 9, litt. E, il a été ordonné que l'Abbaye payeroit annuellement 18 pistolles, savoir 12 pour l'entretien dudit collège en place dudit repas de la diette de may, et 6 pistolles pour la comédie et les prix des écoliers en place du repas de reçue des seigneurs nouveaux gouverneurs et comitive dû à Saint-Maurice. Ledit compte ajoute que l'abbé a payé lesdites 18 pistolles pour les années 1672, 73 et 74, mais que depuis lors, il a cessé de les acquitter.


6/1/9
Affaires avec LL. EE. de Vallais
[Litt.] A. Original et copie légale
12 décembre 1683

LL. EE. affranchissent à perpétuité l'Abbaye du repas qu'elle avoit accoutumé de présenter ci-devant aux seigneurs députés de l'Etat à la diette de may, moyenant la somme de 140 pistolles d'Espagne livrée à cet effet par ladite Abbaye, et destinée par LL. EE. à un meilleur usage.

Original scellé et duement signé avec 2 copies légales cotté ici litt. A. N° 9.


[Litt.] B. Original et copie légale
21 mars 1684

On cotte ici litt. B la quittance donnée par l'Etat de ladite somme de 140 pistoles d'Espagne reçue au nom de l'Abbaye pour l'entière extinction dudit repas de la diette de may.

Original avec 2 copies légales.

27 février 1686

Les jésuites ayants représenté en cette année le 27 février qu'ils avoient à la vérité reçu 200 pistoles de capital au nom de l'Abbaye (les Dizains avoient suppléé le reste après les 140 susdites pistoles payées par l'Abbaye), mais qu'ils n'avoient point été satisfaits des arrérages des censes échues, non plus que du capital de 100 pistoles pour les prix et de ses censes aussi échues, LL. EE. leur répondirent qu'ayants reçu à compte du capital, ils ne devoient plus parler de censes et que, quand aux 100 pistoles des prix, elles les feroient payer. Voyés le recueil cotté ci-dessus N° 2 et article Collège de Saint Maurice, N° 10.

<page 84>

Litt. C

Depuis la susdite anneé 1686, l'Abbaye ne cessa presque d'avoir des difficultés avec les jésuites au sujet de ladite somme de 100 pistoles pour les prix ou plutôt de la cense de 6 pistoles, que ceux-ci prétendoit que l'Abbaye leur payât chaque année, ce qu'elle refusoit constamment. L'affaire fut portée devant le nonce de Lucerne.


On se contente de cotter ici litt. C, les mémoires soit des jésuites, soit de l'Abbaye qui furent dressés à cette occasion.

Les jésuites fondoient leur prétention sur l'instrument de leur fondation où ladite rente annuelle pour la comédie et les prix leur étoit assignée sur l'Abbaye par LL. EE., à cause de l'extinction ou au moins diminution des fraix pour le repas dû à l'arrivée des seigneurs gouverneurs, et sur ce que l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc] avoit reconnu facilement l'obligation de payer ladite rente en y satisfaisant aux années 1672, 73 et 74 supra.
L'Abbaye répondit dans son mémoire que l'imposition de cette rente en particulier lui avoit été inconnue qu'en 1683 et 84 lorsqu'il s'agissoit de convenir et de payer ce qu'elle pouvoit devoir au jésuites, LL. EE. n'avoient fait aucune mention de ce second article, d'où il s'ensuivoit que si l'abbé Franc (qui d'ailleur ne pouvoit préjudicier aux droits du Chapitre, etc., en se soumettant à une telle charge) avoit réellement payé ladite rente pendant 3 ans, ou avoit mal fait, ou ne l'avoit fait que par la crainte qu'il avoit du ballif Sthokalper, ce qui étoit si vrai que depuis 1674 il n'avoit plus rien voulu payer.
La même Abbaye ajoutoit que ç'auroit été une injustice manifeste de lui imposer malgré elle cette rente, soit parce que ces repas n'avoient jamais été dus, ni reconnus comme tels, ni imposés comme tels, mais seulement pratiqués de sa part par politesse et pour l'acquérir la protection de LL. EE., soit parce qu'elle n'avoit pas cessé de recevoir les seigneurs gouverneurs comme à l'ordinaire, n'y ayant pas de l'équité à faire payer des repas dont on profite et qu'on exige, soit enfin parce que quand même LL. EE. voudroient éteindre ce repas qui se fait de deux ans l'un, ladite imposition de 6 pistoles par année au nom des 6 Dizains d'en haut et d'une autre pistole pour le dizain de Sion seroit exorbitante, d'autant que pour exempter l'Abbaye d'un seul repas en deux ans, qui ne coûte pas ordinairement deux pistoles, on lui en feroit payer 14, c'est-à-dire 7 par chaque année, etc.
Malgré toutes ces raisons et l'offre que fit l'Abbaye de continuer le repas en question, quelque nombreuse que pût être la comitive des seigneurs nouveaux gouverneurs, les jésuites sçurent si bien faire que LL. EE., s'opiniâtrants dans cette affaire, employèrent les rentes de la ferme de Vétroz et d'autres rentes en Bagnes qu'ils avoient aussi séquestré du tems de l'abbé Zurthannen [François Nicolas Zurtannen] pour payer ladite rente jusqu'à ce qu'enfin, l'Abbaye obligée de plier, commença elle-même à en acquiter les retards en 1708.


[Litt.] D. Original

Cela dura jusqu'en 1714: l'Abbaye députa Messieurs. Gibsten et Claret à la diette de may pour supplier LL. EE. de permettre à l'Abbaye de se redîmer de ladite rente et de lui fixer la somme, si celle de 80 pistolles ne suffisoit pas. LL. EE. donnèrent l'alternative ou de continuer à payer chaque année 1 pistole par dizain, ou de livrer tout à coup et une fois 120 pistoles pour les 6 Dizains d'en haut et 20 pour celui de Sion, réservée toujour expressément la reçue des nouveaux gouverneurs de Saint-Maurice comme à l'ordinaire. Lesdits députés de l'Abbaye prirent aussitôt le second parti et payèrent lesdites deux sommes, savoir 120 pistoles aux 6 Dizains d'en haut et 20 à celui de Sion, comme il comte par deux quittances originales duement scellées et signées le 29 may 1714, l'une de l'Etat pour la première somme, et l'autre du conseil de Sion pour la seconde, cottées ici D, avec une autre du 10 novembre suivant, donnée par le boursier de Sion, où il avoue avoir reçu de Monsieur Gibsten, curé de Bagnes, la somme de 140 pistoles d'Espagne, savoir 120 empruntées en may pour payer l'Etat et dues aux jésuites, et 20 à la ville pour le même devoir, outre 2 autres pistoles pour la cense de 5 mois des dites 120 pistoles.

[Litt. E ]

Voilà donc, compris l'article ci-dessus litt. A, 280 pistoles d'Espagne payés de capital aux jésuites de Brigue pour l'extinction du seul repas prétendu dû à la diette de may, car il a été réservé que l'Abbaye continueroit de supporter celui du gouverneur. <page 85>A teneur d'un compte produit en 1708 par les jésuites à l'Etat contre l'Abbaye de toutes les rentes que l'Abbaye leur avoit payé ou dont ils prétendoient qu'elle leur devoit les arrérages, il faut ajouter auxdites deux sommes capitales de pistoles d'Espagne 280.
1° Pour 3 censes de 18 pistoles, l'une payées par l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc] en 1672, 1673 et 1674: 54;
2° Pour arrérages payés depuis lors en diverses parties jusqu'en 1708 : 191;
3° Pour restants d'arrérages réglés par LL. EE. en 1708, comme il comte par l'arrêt cotté ici E avec ledit compte, et par la quittance du recteur des jésuites du 16 may même année cottée Collège de Saint-Maurice, N° 14: 51;
4° Pour la rente de 6 ans depuis 1708 jusqu'à 1714 payée aux jésuites par l'abbé Camanis [Nicolas François Camanis], ainsi qu'il en conste par ses billets aussi cottés ici à 6 pistoles par an: 36;
Ces quatre articles bien justifiés font seuls la somme de pistolles 612 (écu bon 1; batz 24 1/2).
Si à cette dernière somme on ajoutoit:
1° La pistole payée annuellement à la ville de Sion pour sa cotte part depuis 1684 jusqu'à 1714, c'est-à-dire pendant 30 ans;
2° Les censes des sommes que l'Abbaye a été obligée d'emprunter pour s'acquitter des susdits capitaux,
3° Les argents qu'il lui a fallu débourser pour voyages et frais nécessaires à l'occasion de toutes ces difficultés;
on est persuadé que l'affaire du collège de Brigue a conté plus de 8 à 900 pistoles d'Espagne, sans en retirer cependant d'autre avantage que d'être affranchis d'un repas à la diette de may, que l'Abbaye n'a encore jamais envisagé comme réellement dû, ainsi qu'il en comtera assés clairement par ce que l'on dira ci-dessous N° 12. On cotte ici litt. E le susdit compte des jésuites avec l'arrêt de LL. EE. de 1708 et nombre de quittances des sommes payées pour la rente annuelle de 6 pistoles depuis 1684 jusqu'en 1714, où elle à été éteinte.


On pourra voir dans ce tiroir 6 un paquet à part contenant plusieurs papiers et lettres concernantes ladite affaire du collège, mais que l'on n'a pas cru être assés de conséquence pour devoir être détaillés dans ces nottes.

1671

Péage de Vouvri [Vouvry]
En vertu de l'échange d'Orons [Oron] conclu en 1671, LL. EE. de Berne ont cédé à l'Abbaye, entre autres droitures:
1° La cense perpétuelle et annuelle de 9 sacs et 6 bichets de froment à raison de 8 bichets de Vouvri par chaque sac, item de 6 bichets d'orge même mesure, de 4 chappons soit poulles et 8 deniers mauriçois due sur le grand dîme de Vouvri, etc;
2° Le péage de Vouvri dépendant de leur château de Chillon, sous cette expresse réserve de la part de LL. dites EE (insérée dans l'acte de la ratification dudit traitté) qu' au regard du péage de Vouvri, icelui dit révérendissime seigneur abbé, Chapitre et couvent présents et à venir ne le pourront ni devront vendre, échanger, aliéner ni transférer en d'autres mains à qui que ce soit sans notre exprès vouloir et consentement.

24 documents cotés :
CHA 6/1/9~A1
CHA 6/1/9~A2
CHA 6/1/9~A3
CHA 6/1/9~A4
CHA 6/1/9~B1
CHA 6/1/9~B2
CHA 6/1/9~B3
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CHA 6/1/9~C3
CHA 6/1/9~C4
CHA 6/1/9~C5
CHA 6/1/9~D1
CHA 6/1/9~D2
CHA 6/1/9~D3
CHA 6/1/9~E
CHA 6/1/9~E1
CHA 6/1/9~E2
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CHA 6/1/9~E7
CHA 6/1/9~E8

 

6/1/10
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Original
1672

Malgré ladite réserve, Monsieur Caspar Stokalper [Gaspard-Jodoc Stockalper], grand ballif, de qui l'Abbaye avoit emprunté en 1671 la somme de 1000 ducatons pour le payment des bulles de l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc], sçut si bien faire que ledit abbé et Chapitre lui relâchèrent et cédèrent le 17 juin 1672:
1° Ladite cense de dîme pour 180 pistoles d'Espagne vaillantes 540 ducatons, ou 5062 1/2 florin petit poids , reçues en déduction desdits 1000 ducatons, sous réserve cependant de pouvoir redîmer lesdites censes pour le même prix en cas que le grand dîme de Vouvri [Vouvry] vînt à sortir de la famille dudit Stokalper;
2° Ledit péage de Vouvri pour la somme de 90 pistoles d'Espagne, sous cette expresse réserve: Et finalement nous nous réservons par exprès que ledit péage ne pourra être vendu, aliéné ni échangé sans notre aveu et consentement, ou de nos sucesseurs, auxquels et à nous il sera libre en tel cas de la retenir, si bon nous semble, en rendant le prix ci-dessus de 90 pistoles, ou ce qu'il sera estimé valoir alors.

Original bien scellé et signé par les parties contractantes et cotté ici N° 10, litt. A. La substance de cette aliénation est aussi insérée dans le vieux livre du Chapitre.

<page 86>

Litt. B, copie
Environ 1686

Lesdites cense annuelle sur le grand dîme de Vouvri [Vouvry] et péage audit lieu ayant passé, par un revers de la fortune dudit ballif Stokalper [Gaspard-Jodoc Stockalper], entre les mains de LL. EE. de Vallais [Valais] sans la participation sans doute de l'Abbaye, celle-ci dut connoître la faute qu'elle avoit commise en aliénant lesdits droits et la reconnut en effet, comme il paroît, par une supplique qu'on croit avoir été présentée une quinzaine d'années après ladite aliénation à LL. EE. de sa part, dans laquelle, entre autres griefs qu'elle leur expose contre ledit Stokalper, elle n'oublie pas celui d'avoir quasi forcé à lui faire cette aliénation ainsi qu'à se soumettre à payer 18 pistoles par an aux jésuites; cette supplique cottée ici B.

Ladite Abbaye s'apperçut encore mieux de la bévue qu'elle avoit fait, lors qu'elle vit que LL. EE. de Berne informées de ladite aliénation faite sans leur consentement et la regardant come une infraction à l'échange d'Orons [Oron], menaçoient de séquestrer ses biens rière leur Etat et de refuser les investitures aux nouveaux abbés si elle n'obtenoit de LL. EE. de Vallais d'être de nouveau remise en possission du prédit péage de Vouvri.

Litt. C, copie
1720

Comme on peut en particulier le voir dans la copie d'une lettre allemande écrite en 1720 à l'abbé Charléti [Charléty], lorsqu'il étoit question de recevoir les investitures de LL. dites EE. et cottée ici litt. C, on en peut voir l'original avec un extrait en françois cotté Berne, Investitures, N° 13.

Litt. D
1706, 1708

Et c'est ce qui a obligé l'Abbaye d'addresser assés souvent des suppliques à LL. EE. de Vallais [Valais], pour les prier de faire attention à la triste extrémité où elle se trouvoit réduite et à lui rendre ce péage en question en leur en restituant le prix, en conformité de la réserve expresse qui étoit insérée dans l'acte de son aliénation. On peut voir, ces suppliques présentées en 1706, 1708 et1724, cottées ici litt. D. Mais toutes ces suppliques n'ont produit aucun effet, non plus que l'offre fait encore en 1764 ou 1765 à LL. dites EE. par le Révérandissime abbé moderne, du consentement du Chapitre de leur céder en place dudit péage son droit de jurisdiction ou rière Chieses [Chièzes] ou rière Clebes, en sorte que LL. EE. de Berne demeurent toujour dans une espèce de droit de faire un accroc à l'Abbaye quand elles le jugeront à propos.

9 décembre 1682

Selon le prédit recueil des abscheids concernants l'Abbaye, cotté supra N° 2, LL. EE. confirment une ordonnance qui porte que d'une connoissance portée par le grand châtellain de Bagnes, on n'en doit pas appeller devant Monseigneur l'abbé, mais à l'Etat, sauf que Monseigneur l'abbé ait des droits ou privilèges à ce fait auquel cas il doit les produire à la prochaine diette de may.

Voyés touchant ceci l'article Franchises et police à Bagnes, N° 19, où cette affaire est réglée en quelque façon par la sentence de 1745 article 2 et 11.

1688 et 1689

Le même recueil rapporte fol. 12 que l'abbé de Saint-Maurice eut ordre en 1688 d'aller prêter quernet à LL. EE. pour la vidondée de Bagnes et qu'en 1689, il l'a effectivement reconnu en leur faveur.

N. B. Suivant ce que l'on a rapporté et remarqué au nottes sur Bagnes, articles Traittés avec la maison de Savoye [Savoie], avec l'évêque et l'Etat de Vallais [Valais] et Jurisdiction de Bagnes, in fine,etc., il ne paroît point que les abbés ayent jamais reconnu ni été obligés de reconoître ni le vidonat de Bagnes ni les autres droits de jurisdiction qu'ils y ont comme mouvants d'aucun arrière-fief. Quand, du tems des comtes de Savoye, le vidonat de Bagnes étoit dans la famille des seigneurs de Morestel, ceux-ci reconnoissoient le tenir des abbés et non desdits comtes (ibidem Vidonat de Bagnes et de Vollège). Ce vidonat ayant été réuni à l'Abbaye, l'évêque Matthieu Schiner, en reconoissant le 19 février 1501 que ce vidonat appartient à l'Abbaye, ne se réserva que les droits régaliens et exclut même toute autres prétentions à ce sujet (vide Traittés avec l'évêque, N° 14). Or le droit d'arrière-fief n'est pas un droit régalien, etc.

7 documents cotés :
CHA 6/1/10~A
CHA 6/1/10~B1
CHA 6/1/10~B2
CHA 6/1/10~C
CHA 6/1/10~D2
CHA 6/1/10~D3
CHA 6/1/10~D4

 

<page 87>

6/1/11
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Original
1718

Suivant le même prédit recueil fol. 15 verso, LL. EE., irritées des empêchemens que l'Abbaye, et surtout l'abbé Défago [François Défago], apportoient sans cesse à l'érection d'une nouvelle cure à Collombey, et des citations que ledit abbé avoit fait venir de Rome à cet effet, etc., condamnèrent le 7 décembre 1718 le même abbé à payer 500 ducatons avant la prochaine diette, séquestrant en attendant les jurisdictions de l'Abbaye dépendentes de l'Etat.

On cotte ici N° 11 les brouillons d'une lettre et d'un mémoire où ledit abbé tâche de faire son apologie, avec l'extrait de ladite diette signé Blatter, secrétaire, et une supplique addressée au pape de la part dudit abbé à ce sujet.

1719 et 1720

Selon le même recueil fol. 16v, la prédite difficulté fut cause que l'abbé Charléti [Louis Nicolas Charléty] ne fut point reçu et admis par l'Etat à la diette de 10 décembre 1719 et qu'il ne le fut le 15 juin suivant 1720 qu'en vue que lui et l'Abbaye renoncèrent alors au patronat sur la nouvelle cure de Collombey, sous la réserve de leurs droits sur celle de Monthey qu'on leur admit.

1741

En cette année, l'abbé Claret [Jean Joseph Claret] eut occasion de présenter à LL. EE. une requête pour les prier de maintenir l'Abbaye dans son droit de jurisdiction sur le Rosel, à teneur d'une vieille sentence et de ses reconnaissances, etc., mais LL. EE. décidèrent en conformité de leur prétendu possessoir et déclarèrent que l'Abbaye n'y devoit être envisagée que comme seigneur de fief.

Voyés Nottes sur le Rosel, N° 18.

3 documents cotés :
CHA 6/1/11~01
CHA 6/1/11~02
CHA 6/1/11~03

 

6/1/12
Affaires avec LL. EE. de Vallais
Copie
1745

Le commissaire Charléti voulant en cette année que l'Abbaye passât reconnoissance en faveur de l'Etat de 7 florins et demi par an pour un droit de reçue autrefois due à la famille du duc de Savoye [Savoie] et reconnu en 1670 par l'abbé Franc [Joseph Tobie Franc], le même abbé Claret [Jean Joseph Claret] présenta un petit mémoire au seigneur grand ballif, où il lui représenta que l'Abbaye s'étoit affranchie en 1683 du repas de la diette de may qui, depuis l'abbé Miles [Jean Miles], avoit prit la place dudit droit de reçue, que d'ailleur elle recevoit encore les seigneurs nouveaux gouverneurs malgré qu'on eût promi de l'en exempter, moyenant les sommes livrées à cet effet (supra N° 9), et qu'ainsi elle se croyoit affranchie desdits 7 1/2 florins et, par conséquent, dispensée de les reconnoître. Monseigneur l'abbé Claret a marqué au bas de ce mémoire, cotté ici N° 12 avec ladite reconnoissance de l'abbé Franc, que son Excellence le grand ballif a exposé cette affaire à LL. EE. le 11 décembre 1745 et qu'elles en ont renvoyé la décision jusqu'à pleine information, ce qui étant rapporté audit abbé, il protesta à son Excellence qu'il ne reconoîtroit pas non plus jusqu'à ce que l'Abbaye fût convaincue devoir ce recept, ce que sa dite Excellence a trouvé faisable. Je ne sait si cette affaire a été terminée depuis.

1750

En cette année, Monsieur le gouverneur Andermatten contesta à l'Abbaye son droit de jurisdiction dans son enclos. Voyés sur ce sujet ce que l'on a exposé fort au long ci-devant dans un article exprès, [D'une autre main]:page 21.

On ajoute ici sous ce même paquet des remarques de feu Monseigneur l'abbé Claret touchant les pertes que l'Abbaye a fait dans ses derniers siècles rière le pays de Vallais [Valais].

1756

Dans la conférence tenue en cette année à Aigle entre les seigneurs députés de Vallais [Valais] et de Berne a été reconnu le droit de vannel en faveur de l'Abbaye et de la bourgeoisie de Saint-Maurice. On trouvera dans ce tiroir une grande copie allemande et légale du résultat de cette conférence dont on a déjà parlé aux nottes sur Saint-Maurice, article Vannel et nansoirs, N° 9.

3 documents cotés :
CHA 6/1/12~A
CHA 6/1/12~B1
CHA 6/1/12~B2

 

<page 88>