TIROIR 47 PAQUET QUATRIÈME

Titres concernants la redevance annuelle de 4 chars de vin par le château d'Aigle.

On a vu dans l'article précédent :

1° que le prieuré d'Aigle étoit une espèce de rectorie ou de grange dont tous les biens appartenoient à l'Abbaye n°4, 8, 13, 14 et 15 et 24 [47/3/4, 8, 13, 14, 15, 24]. Plus ancienement même, on appelloit ce prieur obedientiarius Sancti-Mauritii allii ;

2° que ce recteur de la maison d'Aigle reconnoissoit devoir à l'Abbaye 10 muids de froment et 7 muids d'avoine de rente annuelle n°15, 18, 21 et 24 [47/3/15, 18, 21, 24] ;

3° que ce prieuré étoit un office essentiellement réservé aux religieux de la maison, puisque ceux qui n'en étoient pas membres ne pouvoient le posséder qu'en commende ou comme administrateurs avant qu'ils fussent reçus à la profession n°27, 30, 33 [47/3/27, 30 et 33].

Il est marqué dans un vieux parchemin du 12e ou au moins du 13e siècle contenant les summaires des rentes que l'Abbaye tiroit en ce tems-là de certaines maisons ou granges de sa dépendence que l'obédiencier de Saint-Maurice d'Aigle devoit à l'Abbaye 15 muids de froment et 9 muids d'avoine et que les dixmeurs d'Aigle devoient 3 muids de froment et 5 de fèves, ce qui confirme ce que l'on vient de dire plus haut. On cottera ailleur le susdit vieux parchemin.

Quand aux 4 chars, soit 4 muids de vin, on ne voit aucun titre où il soit fait mention que cette redevance aye été imposée sur le susdit prieuré avant l'année 1467 ou 68 et comme depuis lors nos titres ne parlent plus non plus d'aucune redevance en grain, il est quasi à présumer qu'il s'est passé, à peu près dans ce temps, quelque espèce de contract par lequel les dits 4 chars de vin auront été substitués en place des susdites rentes en grain, savoir 10 muids de froment et 7 muids d'avoine, en quoi l'Abbaye n'auroit certainement rien gagné.

Quoi qu'il en soit, voici les titres sur lesquels l'Abbaye peut très solidement établir le droit de cette redevance de 4 chars de vin contre le château d'Aigle, aujourd'hui en possession des anciens biens dudit prieuré.

47/4/1
Vin d'Aigle
Original
1468

L'abbé Guillme Bernardi [Guillaume Bernardi d'Allinges] s'étant plaint à Amédée duc de Savoye [Savoie] que Jean de Compesio, seigneur de Torrency, retenoit au nom de son fils 4 muids de vin blanc dus à son Abbaye pour l'année précédente sur le prieuré d'Aigle ; ledit duc ordonne à ses officiers dans le pays de forcer ledit seigneur de Torrency de payer ladite rente arrerragée à l'Abbaye ou de comparoître en cas d'opposition devant son conseil, etc.

Voir aussi Charléty, Supplementum, p. 31

1 document coté :
CHA 47/4/1

 

47/4/2
Vin d'Aigle
Original
1475

Jean Tavelli [Tavel], qui avoit obtenu du Pape le prieuré d'Aigle en commende, ayant récusé le jugement de l'évêque de Sion sur le refus qu'il faisoit de payer la rente en vin que l'abbé Guillaume, lui demendoit sur ledit prieuré, obtint d'être jugé en première instance par un juge commis en Cour Romaine par le Pape ; mais ledit abbé ayant demendé que cette cause fût jugée sur les lieux par des commissaires établis à cet effet, ledit auditeur du Pape commet cette affaire à l'official de Tarentaise et à Pierre Cochardi, chanoine de Valère à Sion.

Vide articulum præcedentem n°32 et 33 [47/3/32 et 33].

1 document coté :
CHA 47/4/2

 

<page 694>

47/4/3
Vin d'Aigle
Original
1586

LL. EE. de Berne avouent par une lettre fort polie, écrite en novembre cette année à l'Abbé, la rente en vin qu'elles lui devoient à Aigle et le prient, vu la stérilité de l'année, d'en convenir gracieusement pour cette fois avec leur gouverneur d'Aigle pour une somme en argent lui promettant dans des années plus abondantes de le satisafaire en l'espèce qu'elles devoient.

1 document coté :
CHA 47/4/3

 

47/4/4
Vin d'Aigle
Original
1690

Le seigneur gouverneur d'Aigle refusant de payer les 4 chars de vin dus pour l'année précédente ainsi que ceux dus pour l'anée courrante, l'Abbé et Chapitre eurent recours à LL. EE. du Sénat qui remirent cette affaire à la Chambre Oeconomique Allemande, laquelle se fondant sur l'anciene pratique, surtout celle de 1586, ordonna audit seigneur gouverneur d'Aigle de payer lesdits 4 chars in nature quand il y a assés vin et de convenir en argent quand il manque.

3 documents cotés:
CHA 47/4/4~01
CHA 47/4/4~02
CHA 47/4/4~03

 

47/4/5
Vin d'Aigle
Original
1690

A tous ces titres on ajoute plusieurs lettres des seigneurs gouverneurs d'Aigle des années 1622, 1627, 1629, 1658, 1660, 61, 63, 64, 1709, 10, 11 etc. par lesquelles il conste :

1° que lesdits seigneurs ont toujour reconnu la redevance annuelle de 4 chars de vin en faveur de l'Abbaye sur le château d'Aigle ;

2° qu'ils l'ont toujour acquittée plutôt ou plus tard, tantôt en nature quand ils ont eu assés de vendange, tantôt en argent ou convenu avec eux ou réglé par LL. EE. quand la vendange a manqué ;

3° et que si une fois ou deux, ils ont fait difficulté d'acquitter ladite redevance, ce n'a été que parce qu'ils avoient quelques prétentions contre l'Abbaye qu'ils vouloient qu'elle déduisit comme on pourra surtout le remarquer dans les nottes sur le tiroir de Berne.

D'ailleur, l'acquittement des dits 4 chars de vin est de notoriété publique d'année en année et on ne doute nullement que cette redevance ne soit inscrite dans les livres du château d'Aigle ainsi que dans le rentier des procureurs de l'Abbaye.

22 documents cotés :
CHA 47/4/5
CHA 47/4/5~01
CHA 47/4/5~02
CHA 47/4/5~03
CHA 47/4/5~04
CHA 47/4/5~05
CHA 47/4/5~06
CHA 47/4/5~07
CHA 47/4/5~08
CHA 47/4/5~09
CHA 47/4/5~10
CHA 47/4/5~11
CHA 47/4/5~12
CHA 47/4/5~13
CHA 47/4/5~14
CHA 47/4/5~15
CHA 47/4/5~16
CHA 47/4/5~17
CHA 47/4/5~18
CHA 47/4/5~19
CHA 47/4/5~20
CHA 47/4/5~21

 

<page 695>

47/4/6
Vin d'Aigle
Original
1718

M. May, gouverneur d'Aigle, formoit en cette année quelques prétentions contre l'abbé [François] Défago, apparemment au sujet de l'argent d'honorance qu'il croyoit lui être dû par ce nouvel abbé ; et en vertu de ces prétentions retenoit les 4 chars de vin dus par le château. On remit de part et d'autre le jugement de ce différend à M. Steiguer qui prononça que M. le gouverneur payeroit pour le présent 130 écus bons à l'Abbé et livreroit dans la suitte exactement 4 bons chars de vin chaque année. Cette prononciation n'eut point d'effet : l'affaire fut portée cette même anée devant LL. EE. qui ordonnèrent le 10. septembre à M. le gouverneur de payer toujour le vin dû à l'Abbaye et qu'ensuitte il pourroit attaquer et rechercher l'Abbé s'il le jugeoit bon.

Voyés cette prononciation et lettre de LL. EE. à l'abbé Défago [François Défago] cottés ici n°6.

2 documents cotés:
CHA 47/4/6~01
CHA 47/4/6~02