INTRODUCTION

 

V

Rodolphe II

 

Rodolphe II succéda à son père. Il fut en guerre contre Burchard, duc de Souabe, qui le vainquit en 919 près de Winterthour, mais qui néanmoins, peu de temps après, lui accorda en mariage sa fille Berthe, cette reine célèbre, si connue par nos traditions populaires.

Vers cette même époque, Rodolphe fut appelé au trône d'Italie par quelques grands seigneurs, mécontents de leur roi Bérenger. On remarquait, à la tête de ces mécontents, Adalbert, marquis d'Ivrée, beau-frère de Rodolphe, et les comtes Odelric et Gilbert. Le roi bourguignon, prince ambitieux, entreprenant, aussi prompt à embrasser un parti qu'à l'abandonner, accepta avec empressement l'ouverture qui lui était faite. Il se rendit en Italie vers la fin de l'année 921, et dès les premiers jours de l'année suivante, nous le voyons siéger à Pavie et délivrer un diplôme en faveur de l'évêque de Parme. Il défit le roi Bérenger ; dans une bataille sanglante livrée le 29 juillet 923, près de Fiorenzula. L'avantage s'était d'abord déclaré pour Bérenger; mais ce monarque, confiant dans son succès, se laissa entraîner dans une embuscade qui lui fit perdre à la fois la victoire et la couronne. L'année suivante, Bérenger revint à la charge, avec le secours des Hongrois qu'il avait fait venir à son aide. Ces barbares saccagèrent et brûlèrent l'opulente ville de Pavie, et rétablirent momentanément les affaires de Bérenger ; mais, peu de jours après, celui-ci tomba sous le poignard de quelques conjurés, indignés des malheurs qu'il avait attirés sur sa patrie.

La royauté de Rodolphe fut alors consolidée et s'étendit jusqu'à Venise, dont il confirma les privilèges. Il obtint du comte Samson, la lance sacrée et les clous de la sainte croix, qui avaient appartenu à l'empereur Constantin ; il frappa monnaie à Pavie, et délivra un assez grand nombre de diplômes, qui ont été conservés dans les archives d'Italie. Néanmoins, cette royauté ne fut pas de longue durée, car Rodolphe se laissa envelopper par les artifices de la politique italienne, et cédant, dit-on, aux intrigues déhontées de la marquise Ermengarde, il ne tarda pas à être abandonné de ses partisans. Ce fut en vain que son beau-père Burchard vint à son aide avec une armée : ce dernier fut également trompé par l'évêque de Milan, et périt misérablement dans une embûche qui avait été dressée contre lui. Il ne resta d'autre ressource à Rodolphe que de rentrer précipitamment dans ses états héréditaires. Sa royauté italienne n'avait duré en tout que quatre ans.

En 926, les Italiens, toujours enclins à cette politique qui consiste à chasser un souverain par un autre, appelèrent à les commander Hugues, duc de Provence. Celui-ci se rendit à leurs désirs, et parvint à les contenir dans l'obéissance. Mais, quelques années après, il conçut des inquiétudes au sujet de Rodolphe, qui était de nouveau rappelé en Italie par les machinations de ses sujets, et conclut avec lui un traité par lequel celui-ci s'engagea à renoncer à toutes ses prétentions sur l'Italie. En compensation, Hugues lui abandonna tous ses droits sur la province de Vienne. Ce fut l'origine de la réunion des royaumes de Bourgogne et de Provence, qui ne fut cependant effectuée que dix ans plus tard, sous le règne du successeur de Rodolphe.