INTRODUCTION

 

VIII

Rodolphe III, dit le fainéant.

 

 


Conrad étant mort en 993, laissa la couronne à son fils Rodolphe III, surnommé le fainéant. Ce prince malheureux, qui n'eut pas d'enfants légitimes, quoi qu'il ait été marié deux fois, se montra incapable de commander à sa noblesse, se laissa dominer par le clergé, par les femmes, et ne sut maintenir ni son honneur ni son autorité. Ses sujets mécontents s'étant révoltés contre lui, il fut battu par eux, et contraint d'avoir recours à l'intervention de l'impératrice Adélaïde, sa tante, qui vint en 999 l'aider de ses conseils et de son influence. Il se dépouilla peu à peu de ses états, dont il confia le gouvernement aux prélats de son royaume. C'est ainsi qu'il accorda aux évêques de Lausanne, du Valais et de la Tarentaise le titre de comte et l'administration temporelle de leurs diocèses. Il fit donation de l'abbaye de Moutier-Grandval à l'évêque de Bâle, et fit des concessions importantes à l'abbaye de St. Maurice, au prieuré de Romainmôtier, à l'église de Vienne et à l'abbaye de Talloires. Il fit également donation d'une partie de son royaume à la reine Ermengarde, qu'il venait d'épouser en secondes noces. Enfin, ne pouvant soutenir le poids des affaires, il abdiqua de son vivant, en faisant donation de son royaume tout entier à l'empereur Henri II, son neveu.

Cette aliénation, opérée en 1016, fut sur le point de déployer ses effets immédiats, car l'empereur Henri vint en Bourgogne, pour prendre possession de ses nouveaux états. Mais les mêmes seigneurs mécontents qui avaient forcé Rodolphe à résigner son pouvoir, craignant de perdre leur influence en se soumettant à un souverain allemand, supplièrent l'empereur de leur laisser leur ancien maître, en disant que la coutume de Bourgogne était de n'avoir pour roi que celui qu'ils avaient eux-mêmes élu et constitué. L'empereur accorda leur demande et leur laissa leur faible monarque, mais il n'en continua pas moins à le maintenir sous sa dépendance en lui assurant sa protection et en lui fournissant des sommes considérables.

L'empereur Henri étant mort en 1024, et ayant laissé l'empire à Conrad le Salique, celui-ci força Rodolphe à renouveler en sa faveur la donation qu'il avait faite à son père, et le contraignit à le suivre à Rome pour assister à son couronnement. Rodolphe conserva néanmoins l'ombre de son pouvoir jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 6 septembre 1032. L'aliénation de son royaume, plusieurs fois confirmée, déploya alors tous ses effets.

Rodolphe III fut enseveli à Lausanne, et près de lui fut placé, plus tard, le corps de Hugues, évêque de Lausanne, mort en 1036. Ce dernier est désigné comme fils du roi, mais ce monarque n'ayant pas laissé de descendants légitimes, il est à supposer qu'il était enfant naturel ou adoptif.