Contenu | Sentence d'excommunication prononcée devant l'église de Saint-Pierre par l'évêque Guillaume, contre Humbert, Dauphin de Viennois, et contre sa belle-mère, Béatrix, dame de Faucigny. - L'évêque, après avoir rappelé qu'il est seul prince et seigneur de la ville de Genève, raconte dans des termes presque identiques à ceux des chanoines (n° précédent), l'attaque de la ville, le 17 août, par les troupes du Dauphin, et l'incendie d'une partie des faubourgs. Il ajoute que le Dauphin se jeta ensuite avec son armée dans le Faucigny, prit le château épiscopal de Thiez, dans le territoire de Salaz, et y mît une garnison ; qu'il s'empara de même des blés, vins, fruits et autres revenus de l'évêque, du Chapitre et du curé de Viu ; enfin, qu'il a refusé de restituer ce château et ces biens à l'évêque, malgré les demandes réitérées de celui-ci qui, n'osant se présenter devant le Dauphin à cause de ses violences, lui adressa ses réquisitions, d'abord par lettres, puis par François de Lucinge, prévôt du Chapitre, et même par son propre bailli, Reymond de Beaufort. - Après cet exposé, l'Évêque déclare que, le Dauphin ayant laissé écouler, sans donner satisfaction, un délai bien plus considérable que celui de trois jours fixé par le concile de Vienne, il l'excommunie lui, ses aides, conseillers et fauteurs, et soumet à l'interdit ecclésiastique les lieux où il se trouvera ainsi que ceux où le butin provenant de ses brigandages aura été déposé. En outre, la dame Béatrix, sa belle-mère, ayant consenti et coopéré à ses excès, et lui ayant, dit-on, cédé une grande partie du Faucigny, l'évêque les somme publiquement tous deux de restituer dans la quinzaine de la prochaine fête de Saint-Michel (soit avant le 13 octobre), à lui, à son Chapitre et à son clergé, les biens enlevés, et de donner complète satisfaction à l'Église et aux citoyens, sinon il aggravera sa sentence, mettra et met dès à présent, pour le cas d'inexécution par eux de ses sommations, l'interdit ecclésiastique sur toutes les terres du Dauphin et de Béatrix qui sont dans son diocèse. Enfin, il place lui, l'Église de Genève, le clergé du diocèse, tous leurs biens, et sa présente sentence, sous la protection de l'autorité apostolique, de telle sorte qu'aucun juge ordinaire, délégué ou sous-délégué, ne puisse enfreindre la dite sentence. Témoins : Rodolphe de Saint-Joire, Pierre de Pouilly, Thomas du Pont et Guillaume de Bagnole, chanoines de Genève; Boson Banz, curé de la Madeleine; Girod, de Gex, curé de Saint-Germain; Vincent, curé de Sainte-Marie-la-Neuve; Girod Ami, clerc. L'acte est dressé par Jaques de Vandoeuvres, notaire. |