SOUVERAINETÉ IMPÉRIALE


DÈS 1032

 

L'extinction de la dynastie des Rodolphiens est un événement capital qui a introduit des modifications profondes dans l'histoire des contrées auxquelles se rapporte le présent Régeste. Dès ce moment, en effet, les peuples de la Bourgogne transjurane durent, en vertu des traités conclus par Rodolphe III avec Henri II et Conrad III, reconnaître pour leurs souverains, les rois de Germanie, qui se faisaient eux-mêmes investir par les papes de la couronne impériale. Cette hérédité politique, transférée par le dernier Rodolphien à des princes étrangers, reçut la sanction formelle ou tacite des principaux seigneurs du pays, mais rencontra aussi, dans l'origine, quelques opposants qui soutinrent leurs prétentions les armes à la main. Toutefois, les défaites que leur firent subir Conrad le Salique en 1033 et 1034, et son fils Henri III en 1045, maintinrent sur les territoires qu'avaient possédés les Rodolphiens, la suprématie impériale. Celle-ci forma dès lors la base du droit public pour tout l'ancien royaume de la Bourgogne occidentale, et en particulier pour Genève et pour les contrées qui l'avoisinent.

Sous l'autorité suprême, mais éloignée et souvent nominale, des chefs de l'Empire germanique, se trouvèrent placés un grand nombre de princes et de seigneurs, soit laiques, soit ecclésiastiques, exerçant sur des territoires déterminés la plupart des attributs de la puissance politique. Dès le début du onzième siècle, le diocèse de Genève renferma à lui seul plusieurs de ces souverainetés locales, qui commençaient alors à se constituer, et que leurs possesseurs réussirent peu à peu à agrandir et à consolider pendant les siècles suivants. Mais, parmi ces seigneurs ou princes, celui qui occupa constamment le premier rang pendant toute la durée du moyen âge fut, sans contredit, l'évêque de Genève. Les monuments historiques démontrent, en effet, que les prélats revêtus de cette dignité, indépendamment de l'autorité ecclésiastique qu'ils exerçaient sur tout le diocèse, étaient déjà antérieurement nantis et continuèrent à jouir des droits régaliens sur leur cité épiscopale durant toute la période à laquelle appartiennent les documents analysés ci-après.

Pendant cette longue période, des subdivisions étaient nécessaires, et il a paru que pour correspondre exactement à l'état de choses qui vient d'être caractérisé, elles devaient reposer non sur la succession des empereurs, mais sur la série des différents prélats qui ont occupé, dès 1032, le siège de Genève.

Quant aux autres seigneurs qui exerçaient dans le territoire du diocèse des pouvoirs de diverse nature, on a dressé, soit pour les généalogies de leurs familles, soit pour les actes de leur administration locale, des tableaux spéciaux où se trouvent résumés les renseignements authentiques fournis par les chartes.