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Extrait
d'un sermon
(10 août 1679)
(AASM DIV 6/0/0/21, p. 11)
Transcription
par Arthur Bissegger
Entrons dans cette seconde partie de mon discours, c'est-à-dire
dans cette vaste estendue de l'éternité comme dans
une mer de feu et de flammes (mare rubeum vitreum igne : Apoc. 15).
Après avoir convaincu nostre foy et fait connoistre la justice
de Dieu dans ces supplices rigoureux, disons quelque chose de leur
durée et faisons voir comme ces flammes dévorantes
produiront dans l'esprit des damnés comme 3 sortes d'éternité,
qui feront le comble de leurs souffrances : la 1ere est l'éternité
dans leurs supplices violens, la 2e est l'éternité
dans leurs esprits et la 3e est l'éternité dans leurs
désespoirs.
1o Il est sans doute que la considération que fera un damné
sur la durée éternelle de ses maux est une circonstance
qui augmentera ses peines : la raison se prend de ce que les maux nous paroissent ordinairement ou plus
ou plus [sic] ou moins rudes suivant leur longeur ou leur briefveté,
on peut dire que leur grande ou petite durée
change leur nom et leur nature. Ainsi le fer ardent qu'on applique
à une playe comme en passant cause bien de cuisantes douleurs,
mais parce que le mal passe vistement, on ne le juge pas considérable.
Au contraire, une piqueure de lancette est un petit mal à
la vérité, c'est une douleur bien légère,
mais si elle dure longtemps pendant la vie de l'homme, s'il faut
à chaque quart d'heure renouveller cette douleur, ce qu'on
appelle un petit mal deviendra un supplice insuportable, la longeur
en changeant la nature et le nom. Mais quand ces deux qualités
se trouvent jointes ensemble dans un mesme supplice, quand d'un
costé il est extrêmement violent et sensible, quand,
de l'autre, il dure longtemps, ah ! pour lors, c'est le comble des
peines !
Cette épouvantable alliance ne se trouve pas dans les maux
de ce monde et les tyrans les plus ingénieux n'ont peu jamais
faire cette funeste union : si leurs tourmens duroient longtemps,
ils estoient légers, et s'ils estoient violens, ils n'estoient
pas de longue durée ; ils détruisoient le sujet et
faisoient mourir ceux qui les enduroient. C'est seulement dans les
tourmens de l'enfer où ces deux qualités sont unies
: ils joignent une extrême violence avec une durée
d'éternité. Comment cela, ce que Dieu, qui est le
maistre absolu des corps et des esprits des damnés,
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